Les origines du théâtre à Fraire
Le village de Fraire a derrière
lui une longue tradition théâtrale, dont nous ne connaissons
que certains éléments, et ce à partir du début
du XXe siècle seulement.
Depuis
environ 1900 jusqu'au début des années 1950, la fanfare
"l'Union" a assuré une ou deux fois par an des
spectacles théâtraux en plus de ses prestations musicales.
Ceux-ci ont forcément cessé pendant la guerre 1940-1945,
puisque les activités de la fanfare ont été interrompues
pendant cette période. La fanfare possédait même
avant guerre sa propre scène de théâtre démontable,
avec des décors, des éclairages (à pétrole,
puis électriques) et des accessoires. M. Guérin,
pharmacien, s'occupait de la sélection des pièces de théâtre. Les costumes étaient loués chez Fontaine-Delattre, les
grimes et la peinture des décors étaient assurés
par Léon Flandre (1894 1972).
Avant la guerre 1940-1945, il existait à Fraire trois salles munies d'une scène susceptibles d'accueillir des pièces de théâtre : 1. La "salle du Peuple", construite dans les années 1930 par les ouvriers chômeurs de la verrerie de Fraire, dont le dessus d'avant-scène était garni d'une véritable hélice d'avion en bois. 2. La salle "Saint-Remy" inaugurée en 1911, dont la particularité du rideau de scène à enroulement central jusqu'en 1957 était de représenter la fontaine de la place de Fraire ; ce rideau qui aurait été conçu et réalisé par Léon Flandre, grimeur habituel des troupes théâtrales frairoises a ensuite servi de toile de fond pour la scène de cette salle. 3. La salle du café la "Petite Chapelle", appelée "Au Bal" avant la guerre 1940-1945.
Une troupe théâtrale catholique existait depuis avant la guerre 1914-1918 et encore après celle-ci (depuis quand ? jusqu'à quand ?) et s'appelait « Cercle dramatique "La Concorde" ».
Une affichette du 10 mai 1914 présentait les pièces « Le Petit Ramoneur », « Faucheux le Sorcier » et « Le Fanfaron », entrecoupées de pièces musicales par un orchestre et de chants ou monologues.
Un entrefilet du Courrier de Philippeville de 1926 mentionne encore cette société :
Fraire. Le Cercle Dramatique « La Concorde » clôturera le 2 mai, à 7 h. 1/2 sa saison dhiver par une GRANDE SOIRÉE RÉCRÉATIVE. AU PROGRAMME : La Boîte à Musique, pantomime comique en un acte par De La Chenevière. JEAN KERMOR, Comédie-dramatique en trois actes par Th. Botrel. La Vieille Chaise, comédie en un acte. INTERMÈDES VARIÉS. (Orthographe d'époque respectée.)
Merci à Jean Thomas de m'avoir communiqué ces documents.
Une troupe théâtrale nommée « Cercle dramatique socialiste de Fraire "le Coquelicot" » existait déjà avant la guerre 1940-1945, sans doute depuis la construction de la salle du Peuple vers 1934. Les acteurs étaient nombreux et très actifs. Les pièces de théâtre choisies étaient le plus souvent des pièces gaies. Ces artistes donnaient leurs représentations en français et en wallon. Entre les actes, de joyeux lurons se chargeaient d'amuser leur public par des chansons, accompagnés au piano par M. Gaston Huchant, professeur de piano et chef de la Fanfare ouvrière socialiste.
Ainsi, dans le programme du 5 mars 1939, nous pouvons lire : « Les citoyens Lechat Aimé et Bayet Lucien dans leurs répertoires » et « Le citoyen Maurice Remy dans son répertoire ». N'oublions pas non plus Albert Picot, un acteur-né, qui rejoindra aussi la troupe des Anciens Prisonniers après la guerre 1940-1945. Chaque soirée, le public lui réclamait son « Oncle d'Amérique, qui passait sous les tropiques... ».
En mai 1940 c'est la guerre, et la plupart des acteurs se retrouvent prisonniers en Allemagne. Georges Blavier, René Remy, Aimé Lechat (qui mourra dans un camp en 1941), Albert Picot, Maurice Remy, Aimé Gilniat (qui s'établira en Autriche, où il s'est marié), Désiré Baudinne...
D'après Mireille Charlier, bien après la guerre, le 29 mars 1957, une assemblée fut convoquée par un comité formé de Henri Flandre, Louis Léonard, Fidèle Charlier, Vital Leclercq, Eugène Delsarte, Omer Ghislain et Fernand Rousseau dans le but de relancer le cercle dramatique socialiste et reformer la troupe théâtrale. Le secrétaire est Fidèle Charlier ; Willy Joly y est nommé régisseur et choisit une pièce nécessitant onze acteurs. Les rôles seront tenus par sept hommes et quatre femmes sélectionnés dans les membres de la troupe reformée qui étaient à cette époque : Roger Bauthière, Oscar Janson, Joseph Colinet et son fils Jean, Raoul Désirant, Robert Louis, Rosa Dahy, Rosette Mathieu, Valderée Tayenne, Roger Dumont, Georges Lorent, Clovis Gilniat, Maurice Thibaut et Nelly Gérard.
Quelques
acteurs de cette troupe (avant et après la guerre) : Georges Blavier, René Remy, Andrée Remy, Aimé Lechat, Albert Picot, Maurice Remy, Lucien Bayet, Aimé Gilniat, Désiré Baudinne, Clovis Gilniat, Jean Flandre, Léa Adam, Joseph Ghislain, Hélène Picot-Blavier, Aline Warichet, Maurice Collin, Aline Bayet, Auguste Blavier, Marcel Heusghem, Joseph Colinet, Jean Colinet, Marcel Rousseau, Jacques Carly, Zéphirin Fourny, Clotilde Mansy, Nelly Gérard, Palmyre Paquet, Eva Defays, Eva Colinet, Yvette Colinet, Marcel Blavier, Raymond Blavier, Arthur Van Hoecke, Raoul Désirant, Raymond Malpaix, Yvon Fontenelle, Serge et Robert Dussart, Richard Chauvaux, Roger Bauthière, Elisa Collard, Nicole Coenen, Roger Dumont, Georges Lorent, Maurice Thibaut, Oscar Janson, Robert Louis, Rosa Dahy, Rosette Mathieu, Valderée Tayenne... D'autres acteurs jouaient occasionnellement... dont la plupart ont aussi joué après guerre dans la dramatique des "Anciens Prisonniers". |
Tous ces dévoués étaient dirigés avant la guerre par Paul Bruyère, puis après guerre par Willy Joly, Georges Lorent et Yvon Fontenelle.
A partir de 1957, la troupe « Le Coquelicot » jouera encore des pièces de théâtre quelques années, mais l'élan d'avant-guerre n'y étant plus, la troupe finit par s'étioler et, d'après Raoul Désirant, s'arrêta définitivement vers 1965 après un accident de voiture près de la chapelle Sainte-Barbe, qui blessa plusieurs des acteurs qui devaient jouer dans la pièce du lendemain « Tièsse dè lisse ». Ces acteurs ont été remplacés au pied levé par des acteurs de Charleroi qui venaient justement de jouer la même pièce quelque temps auparavant, ceci grâce à l'aide de l'auteur de la pièce lui-même, Roger Duhautbois. Comme signalé ci-dessus, beaucoup des acteurs de cette équipe jouèrent également dans la troupe théâtrale des « Anciens Prisonniers ».
Quelques pièces jouées par cette troupe après la guerre : « La fiancée du pilote », « Angèle », « Tièsse dè lisse », « Pou yèsse serdjant sapeûr », « La machine à rajeunir », « En place repos », « El copin du Congo »...
(Ces détails concernant la troupe du « Coquelicot » nous ont été fournis par Aimée Charlier dans un article paru dans « Fiêr dè nos pîssintes » n° 24, ainsi que par Raoul Désirant par l'intermédiaire du groupe Facebook "Fraire d'antan".)
M. Thomas est venu s'établir à Fraire en 1952. Des années plus tard, il se souvenait encore de l'existence d'une excellente
troupe dramatique, de tendance socialiste, pensait-il. Il s'agit vraisemblablement de la troupe du « Coquelicot ».
En
1943, l'abbé Evrard, curé de Fraire, et Richard Mathieu,
instituteur de l'école communale des garçons, déjà
instigateurs le 17 décembre 1940 du "Comité du
Secours d'hiver", décident de constituer une troupe
dramatique, nommée "Le Colis du prisonnier", dont les
gains seront destinés à envoyer quelques vivres et douceurs
aux Frairois prisonniers en Allemagne.
La régie sera assurée par l'abbé Evrard, puis par
Maurice Hontoy. Les pièces jouées par cette dramatique
sont presque uniquement des drames ou des pantomimes. Le bénéfice
du premier spectacle sera de 2.500 F. Il semblerait que les spectacles
aient été donnés d'abord en la salle du "Coquelicot"
(salle de la Coopérative socialiste), puis en la salle de "La
Petite Chapelle", après réparation du bâtiment
partiellement détruit par une bombe le lundi 13 mai 1940.
Anecdote racontée par Edgard Polomé, qui
a fait partie de cette troupe : un des acteurs de l'époque,
Albert Matagne, s'étant retrouvé complètement aphone
la veille d'une séance, dut jouer complètement en "playback" :
il parlait sans proférer de sons et, dans les coulisses, l'abbé
Evrard prononçait ses paroles. Personne ne remarqua le stratagème,
paraît-il.
Quelques
acteurs de cette troupe : René
Croisez, Raymond Carly, Eugène Matagne, Albert Matagne, Paul
Flandre, André Blavier, Raoul Debiemme, Edmond Dahy, Jules
Ballériaux, Benoît Mahieu, Edgard Polomé...
dont certains ont rejoint plus tard la dramatique des "Anciens
Prisonniers". |
D'après Edgard Polomé, qui n'en est pas très sûr,
la guerre étant
terminée, la troupe, créée pour assurer le "Colis
du prisonnier", a continué deux ou trois ans encore au bénéfice
du club de football, vraisemblablement toujours sous la régie
de Maurice Hontoy. Les répétitions avaient lieu au "Café
des Sports" Van Hoecke (en face de la pharmacie actuelle)
et les séances étaient données en la salle de la
"Petite Chapelle", puis en la salle de la Coopérative
socialiste, qui deviendra en 1985 salle des fêtes communale, rue
de Fairoul.
Mais à la même
époque, la fanfare "L'Union", reformée depuis
1946, a également remis sur pied sa troupe de théâtre.
C'est maintenant Edmond Dahy qui s'occupe du choix des pièces.
D'autres détails font malheureusement défaut, excepté
le fait que la troupe théâtrale de la fanfare jouait au
moins une fois par an et que avec certitude trois séances
au moins ont été données en 1953 : le 15 février,
le 5 et le 12 avril.
N'oublions
pas de parler aussi des séances théâtrales organisées
par la société de Gymnastique Educative A.C.F. de Fraire en 1949, et aussi par la J.O.C. avant et juste après la guerre 1940-1945
et par le Patro entre 1954 et 1968. La régie de ces pièces
était aussi généralement assurée par Maurice
Hontoy, toujours très dévoué pour ce genre de choses,
ou parfois par Edgard Polomé pour la J.O.C. et Charles Demulder
pour le patro. C'est d'ailleurs le succès d'un spectacle du patro, créé et mis en scène par Charles Demulder, qui
décida de la mise sur pied de la compagnie des Petits à
la marche Saint-Ghislain en 1957 (voir
l'« Historique de la Saint-Ghislain »).
Les grimes de ces séances étaient toujours réalisés
par Léon Flandre.
Naissance
de la troupe actuelle
En
1946, les anciens prisonniers de guerre constituent, dans la ligne de la troupe "Le Colis du Prisonnier", une nouvelle dramatique
pour alimenter la caisse de la FNAPG (Fédération nationale
des Anciens Prisonniers de guerre) venant au secours des victimes de
la guerre, notamment en alimentant l'hôpital militaire de Ste-Ode près de Bastogne, sous la présidence et la régie d'Alfred
Matagne. Les grimes sont encore réalisés par Léon
Flandre. Les séances annuelles sont données en la salle Saint-Remy
la veille de Noël.
La première pièce jouée par la troupe des "Anciens
Prisonniers de guerre" a été Ceux de demain.
Quelques-uns des acteurs de l'époque : Maurice Remy, Carl Névraumont, Albert Picot, Roland Collin, Albert Mathieu, René Bayet, Firmin Blavier, André Blavier, René Blavier, Joseph Sibille, Robert Louis, Camille Hubert, Xavier Hubert, Raymond Laffineur, Edgard Polomé, Arlette Gaspard, Yvette Picot, Arlette Picot, Sylviane Graux, Mariette Flandre, Camille Baudinne, Arthur Van Hoecke, Paul Flandre... |
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