1. Origine de la société

Un quatuor est à l'origine de la musique de Fraire.

Vers 1895, Mathieu Flandre, Gustave Hautenne, Joseph Flandre et Camille Sturbois se groupèrent pour animer les fêtes locales et les bals. Cet ensemble de musiciens avait pris pour nom « Musique et Jeunesse ».

Camille Sturbois en 1907En 1900, Fraire vit la naissance de la société de fanfare « L'Union », dirigée par Camille Sturbois surnommé èl Fis'. Celui-ci, né en 1864, était également chef de musique d'Yves-Gomezée — où il avait appris la musique sous la férule du premier chef, M. Minet — depuis 1894, puis de Daussois depuis 1895. Il a dû abandonner la direction de ses trois sociétés en 1934 pour cause de maladie et, décédé en 1938, il est enterré à Yves-Gomezée. (Photo aimablement offerte par Bernard Latour.)
Comptant une trentaine de musiciens, la fanfare de Fraire était placée sous la présidence de M. Delcroix, assisté au secrétariat par M. Calixte Guérin, pharmacien.

Premier drapeau, 19061906. La fanfare est dotée d'un drapeau losangulaire grenat frangé de fils d'or, surmonté d'un cercle à médailles et d'un lion. De chaque côté de la barre horizontale d'attache du drapeau pendent deux pompons frangés au bout d'une cordelière dorée de 20 cm. Description du drapeau : tout en haut, une lyre ; au centre, un amas d'instruments de musique emmêlés, entouré d'une couronne de lauriers.Au-dessus de celle-ci, et épousant sa courbe, les mentions superposées « L'Union » et « Société de fanfare », séparées par une poignée de mains. Sous la couronne, les mentions superposées « Fraire » et « 1906 ».Tout le bas du drapeau étant garni d'ornements végétaux style Second Empire.

A cette époque, les activités du groupe ne se limitaient pas à la musique, qui restait tout de même prépondérante : la société possédait son propre kiosque en bois, qu'elle montait en place la veille des concerts.
Mais les musiciens avaient d'autres talents : plusieurs fois par année, ils préparaient des pièces de théâtre, drames ou pantomimes, qu'ils jouaient principalement à Fraire, mais parfois aussi dans les villages d'alentour ; pour ce faire, la société possédait sa propre scène de théâtre démontable, avec décors, rideaux, éclairages (à pétrole, puis électrique), etc. Les costumes étaient loués chez Fontaine-Delattre. C'était le secrétaire, M. Guérin, qui sélectionnait les pièces de théâtre à exécuter. Cette fonction théâtrale de la société continua jusque dans les années 1950.

Autre activité inattendue : la Saint-Nicolas, dont la musique possédait également le costume.

Du 28 juillet 1914 au 1er mars 1919, les activités de la fanfare sont suspendues (guerre 1914-1918).
En novembre 1920, Désiré Boulanger semble cité comme chef dans le livre de comptes (?), alors que le 1er septembre 1927, le traitement du premier semestre est versé nommément au « chef Sturbois ».
En 1929, Philémon Mansy est nommé sous-chef et professeur de musique.
Vers 1929, des scissions politiques survinrent et produisirent successivent deux autres fanfares dissidentes. Ces musiques prirent alors une couleur marquée : la fanfare « L'Union », qui était devenue de tendance franchement libérale, la deuxième, créée vers 1929, la « Fanfare Ouvrière Socialiste » surnommée « Le Coquelicot » (incertain : le « Coquelicot » n'était sans doute qu'une chorale et troupe théâtrale ; la fanfare socialiste n'aurait été créée que vers 1934), sous la direction de M. Gaston Huchant, instituteur à Fraire, ou de M. Marique, rattaché à la Coopérative de Philippeville, et la troisième, la fanfare « Saint-Ghislain » créée en 1934, dirigée par Jules André (èl Tchon) de Morialmé, comptant 30 membres, de tendance catholique.
Le chef de musique Camille Sturbois a été remplacé en 1934 à la direction par le sous-chef Philémon Mansy pour cause de maladie. Notre premier chef est décédé en 1938 à 73 ans.
 
Le 3 février 1935, les trois fanfares de Fraire accompagnent le cortège qui fête le centenaire d'Elisa Wève.
En 1936, la musique de Fraire (vraisemblablement "L'Union" puisqu'elle se joignait à un groupe dit libéral) renforce la compagnie "Les Amis Réunis" à la marche Saint-Pierre de Morialmé.
 

Une figure marquante

Vers 1937, Philémon Magain, tuba et compositeur d'arguedennes très connu aux alentours sous le nom du « Coq Magain », habitant la Maroquette, semble avoir composé une anglaise qui dépassera largement les frontières du village et deviendra rapidement le morceau indicatif des musiciens de Fraire, principalement avant de pénétrer dans les débits de boisson. Il s'agit du célèbre « Do si si la », nommé aux alentours « le raflayon de Fraire ». Des doutes subsistent : certains anciens musiciens pensaient que ce morceau pouvait provenir d'une "Aurore Boréale". Quoi qu'il en soit, le « Coq » a composé beaucoup d'autres morceaux, principalement des valses et des fantaisies de ducasses. Il est décédé en 1951, à 79 ans, en retournant à pied chez lui après une répétition, renversé par un cycliste.

 
 

Pendant la guerre 1940-1945, toutes les associations de Fraire — dont les fanfares — cessèrent d'exister, car les habitants avaient d'autres soucis.