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Joseph Sibille décoré par le major Dereine à Fraire en 1949
Joseph Sibille, décédé à Laneffe le 5 mars 2007, était un des deux anciens prisonniers de guerre 1940-1945 survivants à Fraire, avec André De Deckere. Joseph était le secrétaire de la FNAPG pour Fraire.
Il est né à Chastrès en 1920, il a donc 20 ans quand il arrive à Stablack, Stalag lA, en Prusse Orientale (enclave russe actuelle de Kaliningrad entre la Lituanie et la Pologne). Après la guerre, il a épousé Andrée Remy, d'une famille bien connue à Fraire, et s'est établi dans notre village.
 
Voyez la carte de son périple. Joseph a été fait prisonnier le 16 mai à l'hôpital Civil de Charleroi, où il avait été transporté à la suite d'un accident de moto pendant la campagne des 18 jours. Une infirmière, Mme Masson, le suppliait de s'habiller en civil (vêtements qu'elle voulait lui donner), il n'a pas osé. Son parcours de prisonnier l'a amené à Beaumont, ensuite à Avesnes, puis retour vers Rance, le lendemain à Mariembourg (à pied), puis en camion jusqu'à Beauraing où il est embarqué en wagon découvert jusqu'à Trèves où des gosses crachaient à la figure des prisonniers. De Trèves, il est emmené à Köningsberg dans un wagon à bestiaux : 72 heures sans boire ni manger. A Köningsberg, les fermiers venaient choisir un domestique, c'était comme un marché aux esclaves. Joseph est resté 16-17 mois
  dans des fermes, ensuite il a travaillé dans une fabrique de canons à Metgethen.
En janvier 1945, les Russes approchaient, les Allemands ont abandonné les prisonniers belges. Les premiers Russes qui sont arrivés étaient des troupes de choc, ils ne connaissaient pas la Belgique et ils étaient assez durs.
Finalement, les Belges ont dû se faire passer pour des Français, car les Russes connaissaient l '" Escadrille Normandie " et de Gaulle qui était " camarade ". Les prisonniers belges ont été dirigés vers la Russie, à pied (25 à 30 km par jour), dans la neige, dans les ruines, toujours gardés à la mitraillette ; il fallait se débrouiller pour manger. Joseph est tombé malade — la dysenterie —, il a été soigné, par un docteur russe qui partait un peu français, avec de l'eau distillée, une à deux cruches par jour, sans manger. Ensuite il est parti en train pour Odessa, un voyage de 14 jours. Il a traversé Riga, est parti pour Leningrad ; le convoi était destiné à la Finlande. Il est passé par les faubourgs de Moscou pour repartir vers le sud. Arrivé à Odessa, la dysenterie l'a repris : hôpital de fin mars à juin. A ce moment il a pu embarquer sur un navire anglais qui a été escorté par les Russes jusqu'à Constantinople où le bateau a été repris par les Anglais. A partir de ce moment, les anciens prisonniers ont vécu une croisière de luxe : pain blanc, confitures... un voyage de rêve : mer Noire, mer Egée, Bosphore. A Marseille : accueil inoubliable, des jeunes filles habillées aux couleurs de la France portaient leurs bagages. Ensuite : Châlons-sur-Marne, Paris, Mons, Charleroi (où Joseph se sentait perdu) et enfin retour à Chastrès en voiture avec Nestor Dupont. Ce parcours est apparemment assez typique de " Ceux du lA " qui ont formé une association dont le président est un habitant de Philippeville, M. Hector Pingaut.
 
D'après le propre récit de Joseph transmis à Aimée Charlier et paru dans le feuillet n° 5 des « Pîssintes du Fièr ».