ASPECT GÉOLOGIQUE DE FRAIRE-FAIROUL L'Entre-Sambre-et-Meuse présente en son centre deux sommets principaux :
le plateau de Philippeville (env. 300 m au-dessus du niveau de la mer)
et le plateau de Fraire (env. 270 m). Celui-ci est creusé en forme
de cuvette qui s'allonge en vallée vers Fairoul. La surface du territoire
est très inégale et comprend les deux versants du ruisseau Jaune
coulant d'est en ouest. Les plaines sont assez inclinées. La pente
des coteaux est très rapide à Fairoul. Le sous-sol est principalement
schisteux (étage famennien), mais une bande calcaire du Carbonifère
tournaisien d'environ 500 m de large et longue d'environ 6 km,
en forme de fond de bateau, traverse le territoire dest en ouest et porte
le nom de Synclinal de Fraire (voir plan
et coupe géologiques).
Cette bande calcaire primaire (formée par sédimentation il y
a 350.000.000 dannées), érodée karstiquement par
les eaux au Secondaire (il y a 100.000.000 dannées), a été
remplie au Tertiaire (voici 30.000.000 dannées) par des argiles
et des sables du Rupélien nommés dépôts
ESM contenant de la glauconie. Cette dernière, au cours
des âges, sest agglutinée et transformée en amas de fer
hydraté ou limonite (d'après Martel, V.D.B. et Rahir :
Cavernes et Rivières souterraines de Belgique - 1910). Cest
dans cette bande que se trouvaient presque toutes les mines de fer de la localité,
ainsi que la plupart des captations d'eau potable (Fairoul). On peut trouver
la description détaillée des amas de minerai de fer exploités
entre autres à Fraire dans La Question du minerai de fer en Belgique,
de A. Delmer - 1913. La formation des minières a été
récemment détaillée dans l'article « Le
Fondry des Chiens à Nismes. Aspects géomorphologiques »
de Robert O. Fourneau, paru dans EcoKarst n° 45 d'octobre
2001. Il est très vraisemblable que, il y a 50 millions d'années,
c'est-à-dire avant son remplissage par les sables et argiles glauconifères
du Rupélien, la bande calcaire du Synclinal carbonifère de Fraire
devait avoir un aspect assez proche de celui du Fondry des Chiens à
Nismes (1) tel qu'il se présente aujourd'hui, vidé
de son contenu sableux et ferreux par les mineurs entre la période
préromaine et 1840 environ. Le minerai de fer, tiré entre autres à Fraire, était localisé dans les parties profondes des poches sablo-argileuses qui remplissaient le grand creux calcaire sous-jacent. Il consistait en un concrétionnement gréso-limoniteux irrégulièrement mélangé de sable, d'argile limoneuse et parfois d'assez nombreux galets roulés de quartz blanc. Les minières de fer y ayant été exploitées depuis déjà bien avant notre ère (certains avancent la période hallstattienne), et ce jusqu'à la fin du XIXe siècle, il n'est pas un pouce du territoire de Fraire comme de Fairoul qui n'ait été creusé ou relevé. On peut dire que nulle part le terrain n'est resté comme l'a fait la nature. Sur le plateau, il reste quelques excavations (minières de fer, de silex ou de terre plastique, lavoirs à minerai) souvent remplies d'eau, appelées généralement bayaus, mais la plupart des anciennes minières ont été remblayées dans les années 1970.Niveau abaissé par les extractions diverses : 20 mètres à la Maroquette. Les fonds sont rehaussés par des lavures de mines : 80 cm au trou Baud'huin, 3 mètres au Preyat (centre du village), où les caves de certaines habitations bordant la place de l'Eglise ont été des rez-de-chaussée il y a 200 ou 300 ans (on voit encore dans ces caves l'emplacement d'anciennes fenêtres). Par contre, entre 1862 et 1882, un regain d'intérêt est provoqué par la récupération de crayats de sarrasins (1), résidus de la fonte imparfaite du fer par les anciens fourneaux de la période préromaine, qui contenaient encore environ 40 % de fer. Ce nouveau commerce fructueux décida la population à recreuser le remblayage du Preyat à certains endroits : l'emplacement de la salle du Peuple (actuelle salle communale), la grand-place... certaines habitations sur le Preyat furent même abattues pour pouvoir creuser. (1) Sarrasins (ou Sarrazins) correspond à mécréants, païens, chiens (origine de "Fondrie des Chiens", à Nismes), c'est-à-dire les nomades qui tiraient et traitaient le fer dans nos régions aux temps reculés. Au Moyen Age encore, on appelait Sarrasins (mot qui en arabe signifie Orientaux) indifféremment tous les gens à type spécial contrastant avec celui des populations sédentaires de nos contrées, et qui étaient considérés comme des nomades ou des émigrants venus de l'Orient ou des régions de l'Est. Tout ce qui était antique était aussi classé par les illettrés dans la catégorie des sarrasins : les exploitations préhistoriques de silex se nomment "trous des Sarrasins"; les constructions romaines, "murs des Sarrasins", "tours des Sarrasins" ; les anciens cimetières, "champs des Sarrasins", etc. (Baron Alf. de Loë, cité par V.D.B, Martel et Rahir dans Cavernes et Rivières souterraines de Belgique, T. I, p. 214)
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