Interview de « l'Union » réalisée par RTBF Namur radio
pour l’émission " Senior Radio " du 5 mars 1984.
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— Bon, eh bien, cette dernière demi-heure de l’émission "Senior radio", une émission de Michel Lemaire, sera consacrée ce lundi 5 mars à ce que l’on pourrait appeler "Opération harmonies et fanfares". Il y a en studio toute une grande famille, tous les amoureux des fanfares et des harmonies, mais ce soir c’est la fanfare de Fraire, c’est-à-dire, pour être plus précis, l’ensemble instrumental. Je vous rappelle qu’avec nous ce soir, du côté technique, il y a André Claisse, Michel Deprez et Michel Goossens, bien sûr, qui est le public-relations et surtout le responsable de cette émission "Opération harmonies et fanfares", et au micro, Georges Debrange. J’espère que vous allez rester en notre compagnie jusqu’à 23 h. Il y a des choses que nous souhaiterions très intéressant de vous dévoiler. Du fait que nous sommes ensemble, nous allons essayer pendant cette demi-heure d’émission de poser quelques questions qui intéressent certainement pas mal de membres de certaines fanfares et harmonies de Wallonie.
» Eh bien, immédiatement, nous allons vous proposer la toute première interprétation — ça s’est fait ici, chez nous, à RTB Namur —, et je crois qu’il s’agit là de... quelques notes, c’est "Marching notes", je crois, je lis difficilement, mais je crois que c’est cela.

(Marching Notes)

— Eh bien voilà, je crois que c’était la meilleure façon de faire connaissance avec cet ensemble instrumental ; je rappelle qu’il s’agit de la fanfare de Fraire, et nous allons maintenant découvrir un petit peu tous ceux qui font partie de cette grande famille ; évidemment ils ne sont pas là tous ce soir, mais disons qu’ils sont représentés, et le tout premier que je m’en voudrais de ne pas accueillir comme il se doit ici dans ces studios de Namur, c’est Monsieur le président, Monsieur Revers. C’est bien cela ? j’ai bien prononcé ?
— C’est cela, oui.
— Monsieur Revers, vous êtes président depuis déjà pas mal d’années, je crois.
— Dix-huit ans.
— Dix-huit ans ! Et, ce qui est normal, vous êtes très fier de votre fanfare...
— Ah, très !
— Très fier. Pour rester dix-huit ans, non seulement vous, vous êtes très fier, mais on doit être très heureux et très fier aussi de vous avoir comme président, puisque vous l’êtes toujours.
— Euh ! ça, ça dépend... (Rires.)
— Ça vous prend beaucoup d’occupation, en tout cas.
— Ben... Mon Dieu...
— Ça prend beaucoup de temps, beaucoup d’amour de la musique, beaucoup d’amour de tous ceux qui s’y intéressent.
— Oui.
— Bon. Eh bien, après avoir salué le président, Monsieur Revers, il y a bien sûr et, euh... je crois que ça devrait presque être l’essentiel, Monsieur le président, mais disons qu’il y a le chef. Celui qu’on appelle le chef, celui sur qui repose l’avenir, le présent de la fanfare. Et le chef, c’est M. Matagne.
Amour Matagne. — Ben oui.
— M. Matagne qui, apparemment, a l’air gentil, comme chef.
A. Matagne. — Eh bien, je crois, oui.
— Non ?
Jean-Marie Piérard. — Ça dépend.
— Ça dépend. Pourquoi ? ça lui arrive parfois d’avoir une certaine sévérité, oui ? beaucoup de sév... non ?
A. Matagne. — Non, pas tellement. Du moins, elle est consentie en tout cas... par les musiciens, qui le prennent assez bien.
— D’accord.
Eugène Revers. — Il a assez de doigté pour ça.
— Il a assez de doigté pour les conduire convenablement. Et ils sont jeunes, je crois, vos musiciens ?
A. Matagne. — Très, très jeunes, oui.
— Très, très jeunes.
— En partant de dix ans, jusqu’à... allez ! le plus vieux a cinquante ans maintenant, mais...
— C’est cela. Et pas trop de différences, parmi ces artistes ? Je crois que le vieux est aussi jeune que...
— Ah ! oui, tout à fait.
— Il reste jeune ; c’est une façon de rester jeune, je crois, hein ?
— La moyenne d’âge est de vingt-trois ans...
— Vingt-trois ans... Eh bien, nous aurons l’occasion pendant cette demi-heure de discuter avec le chef et d’avoir d’autres commentaires très intéressants sur la fanfare ; nous découvrons en ce moment ceux qui nous ont fait le plaisir et l’honneur d’être parmi nous ce soir : il y a le trésorier ; évidemment, le trésorier, c’est aussi important, moins important que le chef, mais quand même ! C’est vous, Monsieur D’Hoedt, je crois.
— C’est bien ça, oui. C’est un fait que la trésorerie est un élément indispensable dans toute organisation, et on pourra peut-être en discuter tantôt. Enfin, de l’importance de la trésorerie, d’un budget annuel... pour que la fanfare marche bien.
— C’est ça. Ce sont des choses qui nous intéressent, sans vouloir faire une enquête approfondie, là, mais nous aimerions quand même connaître certaines choses qui sont indispensables et que le grand public aime bien de découvrir. Bon. Il y a aussi, et ça devient à la mode un peu partout, dans toutes les sociétés, et je m’aperçois que dans les fanfares, il y en a aussi, c’est ce qu’on appelle le public-relations. Et c’est M. Jean-Marie Piérard.
— C’est cela, oui.
— C’est bien cela. Monsieur Jean-Marie Piérard, là, vous jouez aussi un rôle important dans cette société. Et vous allez tout à l’heure nous l’expliquer. En effet, vous effectuez des échanges, etc.
— C’est cela.
— Vous êtes musicien aussi, Monsieur Piérard ?
— Musicien également...
— Ah ! donc, vous êtes sous la baguette de M. Matagne ?
— Sous la férule... Et je l’accompagne parfois, je l’aide techniquement, également.
— D’accord. Donc, vous l’aidez de deux façons et même de plusieurs façons. Non seulement avec vos relations publiques, mais aussi comme musicien, et peut-être à d’autres occasions aussi...
— L’école de musique également.
— L’école de musique. C’est ça, oui, parce que, vous allez nous en parler tout à l’heure, c’est très important. Et puis, il y a aussi Géraldine. Nous avons tenu à prendre aujourd’hui une jeune : c’est Géraldine Piérard, qui fait partie de l’ensemble instrumental. C’est bien ça, n’est-ce pas, Géraldine ?
— Oui.
— Et vous êtes la fille de M. Jean-Marie.
— Hmhmm.
— Hmhmm, hmhmm ! Faut pas rougir, hein ? Nous sommes en famille, y a pas de problème. Vous avez pris votre partition ?
— Hi, non, hihi !
— Vous n’allez pas chanter, quand même, hein ?... Quel instrument jouez-vous ?
— De la flûte traversière.
— Très bien ! C’est un instrument extraordinaire, très recherché, très rare, puis très difficile, non ?
— Mmoh ! si. Faut beaucoup de souffle, hihi !
— Beaucoup de souffle ! Apparemment, vous avez l’air d’avoir ce qu’il faut ! non ?

— Boh ! oui.
— Oui ? Bon. Eh bien, et il y a aussi avec nous ce soir Marilou. Marilou qui est là et qui, elle, représente un petit peu, disons, le public, qui, à chaque représentation, se trouve présent. Parce que c’est important ; c’est bien d’avoir une fanfare, et, mais ce qui est encore plus important, c’est qu’il y ait du public ; et vous, je crois qu’en plus du public, vous avez d’autres rôles à jouer dans la société.
— C’est-à-dire que, lorsqu’il y a des manifestations, je m’occupe de... du déroulement, de l’organisation, accompagnée de M. D’Hoedt et d’autres.
— C’est cela. Eh bien, vous voyez que, dans le fond, dans cette fanfare, tout le monde a sa place, tout le monde a un rôle important à jouer. Et, avant de découvrir avec beaucoup plus de profondeur chacun des personnages que nous allons rencontrer ce soir, je vous propose une seconde interprétation, et c’est " Bugler’s Holiday ", un solo de pistons.

(Bugler’s Holiday)

— Voilà, et avec même l’accent final de la part du chef, M. Matagne, qui a fait signe au charmant technicien, qui se trouve de l’autre côté de la vitre, que c’était terminé. Dites-moi, chef, Vous êtes content de ce groupe ?
— Eh bien, oui, je ne peux pas faire autrement que d’être content, quand on voit l’âge de nos musiciens, les années de musique qu’ils ont... c’est un très bon résultat.
— C’est-à-dire ?
— C’est-à-dire que si nos très jeunes musiciens ne peuvent pas avoir beaucoup d’années de musique, il y a quand même pas mal de musiciens chez nous qui ont la quarantaine, ou plus ou moins, et qui n’ont que deux ou trois années de musique : ils ont commencé assez tard...
— Ah ! bon ?
— ... Donc l’âge ne veut rien dire, en réalité.
— Absolument. Et pour l’enregistrement de ce que nous venons d’écouter, vous aviez là un solo de piston. Quel âge avait par exemple ce musicien ?
— En fait, il y a trois solistes, trois cornets à pistons ; ce sont des jeunes gens qui ont entre seize et dix-huit ans.
— Entre seize et dix-huit ans !
— Oui.
— Puis-je aussi vous demander, Monsieur Matagne : vous avez énormément de prestations ; quelle était la dernière et où s’est-elle déroulée ?
— Alors, la dernière, c’était chez vous à l’enregistrement.
— Ah ! c’était... oui, bien sûr, hihi ! Mais en public ?
— La dernière, c’était l’année dernière, c’était le banquet Sainte-Cécile, qui, lui, suivait les festivités du Raclos.
— Hmhmm... Toujours bien suivi chez vous, là-bas, à Fraire ?
— Très bien suivi, les musiciens sont très assidus, parce que les trois quarts des musiciens viennent quand même à chaque répétition.
— Vous avez combien de musiciens, en tout ?
— Exactement quarante-neuf.
— Et dans la société, vous avez combien de membres ?
—  ... ?
— Ça, c’est peut-être difficile, c’est peut-être une question que j’aurais dû poser au trésorier, ça ! Enfin quarante-neuf musiciens, c’est déjà extraordinaire, non ?
— Vous parlez de membres, euh... pour nous soutenir ?
— C’est ça, oui.
— Ah ! non. De ce côté-là, nous ne faisons pas les membres, quoi...
— Ah ! bon...
— Nous essayons autant que possible de voler de nos plumes...
— Formidable ! Très important. Donc je suis heureux d’avoir posé cette question quand même, parce qu’il y en a quand même beaucoup qui, partout, sont obligés de...
J.-M. Piérard. — Aucune carte de membre.
— Aucune carte de membre. Extraordinaire !
J.-M. Piérard. — Quelques sympathisants nous glissent, bien sûr, la pièce, mais...
— Oui. Là, vous ne refusez pas.
J.-M. Piérard. — Bien sûr, c’est certain, surtout le trésorier. Parfois, nous, nous hésiterions, mais le trésorier, jamais. (Rires.)
— Eh bien, tout à l’heure, on saura exactement comment il fait et combien sont ses rentrées exactes, si on peut aller jusque-là. Bon. Quelles sont vos prochaines prestations ?
A. Matagne. — Comme chaque année, nous débutons notre saison par un concert à Fairoul, qui est un hameau de Fraire et en fait toujours partie, malgré les fusions. Nous débutons notre saison chez eux, le jour de Pâques. Ensuite nous nous rendons à l’abbaye d’Aulne, comme nous le faisons depuis trois ans déjà. Un concert est prévu à Laneffe au mois de mai, dans le hall omnisports. Le jour de la Pentecôte, à Gerpinnes Flaches, comme l’année dernière. Alors un contrat un peu spécial est en cours pour aller faire une prestation à Oostduinkerke, à la Côte. Il y a ensuite quelques concerts dont nous ne sommes pas certains.
— Très bien. Dites-moi, Monsieur Matagne, tous ces concerts, vous les devez à M. Piérard, qui, lui, est votre public-relations et qui vous découvre tous ces endroits ou vous pouvez vous rendre, ou bien...  ?
J.-M. Piérard. — Pas tous. Il faut dire que, anciennement, nous avions d’abord une destination de musique de marches. De là, tous les anciens contrats. Nous allons, par exemple, à Gerpinnes-Flaches depuis vingt ans, et ça, nous le devons au président. En ce qui concerne les concerts, d’échange notamment, c’est moi le responsable, mais...
— Les concerts d’échange, vous pourriez nous expliquer un petit peu, nous dire en deux, trois mots de quoi il s’agit exactement ?
J.-M. Piérard. — Eh bien, vous devez comprendre qu’il est extrêmement pénible d’assurer un week-end musical avec trois, quatre et cinq sociétés, le samedi et le dimanche... S’il fallait absolument financer ces deux jours, ce serait extrêmement difficile à supporter. Donc j’ai contacté des sociétés amies au départ — maintenant je prends un peu plus d’extension — et ces sociétés acceptent de venir jouer chez nous. En retour nous allons chez eux gratuitement, si vous voulez. On prend nos frais de déplacement à charge, mais ça nous permet d’organiser des week-ends vraiment formidables, où nous faisons salle comble à chaque fois. Il faudra bientôt demander à la commune d’agrandir le local, parce que les gens sont debout, même derrière le comptoir, et c’est tellement bien suivi qu’il règne le plus grand silence, même lors du dernier concert de dimanche soir : les gens qui sont là sont réellement des mélomanes, qui viennent écouter de la musique. Ce concert, ce week-end, c’était la dernière fête qui avait lieu à Fraire, il commence à faire froid le troisième week-end d’octobre, et généralement cette fête était vraiment rejetée par les habitants ; seuls les gosses allaient encore sur la foire. Maintenant on descend les gosses sur la foire et les parents passent un week-end réellement agréable dans notre local, à écouter de la musique.
— Très très bien, formidable. Vous devez être content, Monsieur le président, Monsieur Revers...
— Très, très...
— Vous participez, vous assistez à toutes ces manifestations, forcément...
— Ah ! oui, oui, forcément.
— ... Avec l’autorisation de Madame, toujours.

— Oui, oui, elle rouspète un peu, mais ça va quand même.
— Elle ne vous suit pas, elle vous suit, quand même ?
— Eh non, non.
— Non ? pas toujours ? Il faudrait essayer de l’influencer un petit peu, là, hein ? Enfin, ça doit être terrible pour un président d’avoir une société qui marche aussi bien et d’avoir des concerts qui sont aussi bien suivis.
— C’est une belle évolution, n’est-ce pas ?
— Ah ! oui, bien sûr. Mais là, le trésorier, qui, apparemment n’a pas de cartes de membres, il a une rentrée lors de ces concerts ?
T. D’Hoedt. — Oui, oui.
— Ah ! quand même. Car je me demandais où vous alliez trouver tout cela !
— Oui. Eh bien les rentrées pour faire marcher la fanfare de Fraire viennent essentiellement... Bon, Jean-Marie Piérard parlait de concerts d’échange, mais nous n’avons pas que des concerts d’échange. Nous allons également prester ailleurs, nous sommes invités ailleurs, et là, évidemment, comme il se doit, nous faisons rémunérer notre prestation. Mais la principale rentrée de l’année se fait peut-être à l’occasion du Raclos, c’est-à-dire le troisième dimanche d’octobre, où pendant tout le week-end, nous organisons des concerts. Et, bien sûr, qui dit concert dit également, restauration, buvette, bal. Enfin, nous essayons de trouver toutes sortes d’éléments qui permettent de renflouer la caisse. Disons que là sont les principales ressources de notre fanfare.
— Une buvette, ça marche toujours bien, là où il y a des musiciens, non ?
— Ben, forcément, disons que c’est l’énergie du musicien, hein ? Pour avoir du souffle, il faut quand même bien de temps en temps une fois prendre un rafraîchissement, voire même deux (Rires.).
— Bon, eh bien, donc, nous continuerons tout à l’heure cet entretien, mais en attendant, nous allons écouter " Modern Story ", toujours une interprétation de la fanfare de Fraire.

(Modern Story)

— Chef, bravo ! C’est vrai que c’est agréable à écouter, " Modern Story ", et là je comprends, vous disiez tout à l’heure qu’énormément de personnes assistaient à vos concerts, et je comprends que, étant donné la qualité de ce que vous proposez, ce soit aussi bien suivi. Mais nous en étions tout à l’heure avec notre trésorier, M. D’Hoedt, qui lui nous expliquait quelles étaient ses rentrées
T. D’Hoedt. — Oui...
— Mais, ses sorties, là, il ne nous a encore rien dit.
— Ah ! bien, voilà, ne vous en faites pas : on sait très bien les placer.
— Ah ! oui , ah ! mais j’espère bien.
— Et quand je dis placer, c’est plutôt investir ; et le premier investissement, il est propre à la musique, c’est d’abord l’acquisition de nouveaux instruments. Il faut savoir que, s’il entre beaucoup de jeunes dans la musique, ils n’ont pas toujours la possibilité de financer ces instruments. Un exemple au hasard : un bugle acheté l’année passée représente une dépense de 31.500 francs. On ne peut pas toujours demander aux musiciens de faire cette dépense eux-mêmes. C’est pourquoi nous intervenons également à ce titre : nous finançons — si je peux utiliser ce mot-là — l’instrument au jeune musicien. Donc, instrument égal premier investissement ; deuxième chose, c’est essentiel aussi : ce sont les partitions. L’année passée, nous avons dû acquérir, je pense, une dizaine de partitions. Autre chose encore : nos frais de déplacement. Le chef, tantôt, vous a fait part du programme d’activités de ’84 : ça requiert des déplacements ; ceux-ci ne se font pas aux frais des musiciens, nous les prenons en charge. Il y a les frais traditionnels : les frais de bureau, la SABAM, que, malheureusement, il faut bien payer aussi (rires). Deux autres dépenses aussi : la première — elle nous tient à cœur —, c’est le souper que nous donnons une fois par an : le banquet de la Sainte-Cécile...
— Vous offrez ça à tous les musiciens ?
— Nous offrons ça aux musiciens et aux épouses.
— C’est ça. Très bien. Elles ont de la chance, les épouses, hein ?
— Oui, oui.
J.-M. Piérard. — Elles nous aident aussi très fort dans le courant de l’année.
— Je l’espère bien. Je crois que c’est tout, Monsieur D’Hoedt ?
— C’est tout, en quelques mots, oui.
— Merci beaucoup. Oui, mais, c’est vrai, il ne nous reste plus, malheureusement, que quelques minutes, et j’aimerais connaître un peu l’historique de la société, parce que j’ai entendu dire tout à l’heure que c’était une vieille société. On pourrait peut-être demander à Monsieur le président : Elle a quel âge, la société ?
— Elle est née avec le siècle.
— Ah ! très bien.
— Elle a donc quatre-vingt-quatre ans.
— Oui. Et cette société, on ne saurait peut-être pas énumérer toutes les coupes ou tout ce que vous avez remporté jusqu’à présent, nous n’allons pas trop insister là-dessus, mais disons que vous avez connu aussi une certaine évolution. Et je crois qu’elle se caractérise surtout, comme le disait tout à l’heure le chef, Monsieur Matagne, par la présence de jeunes, tels que Géraldine, ici. Il y a eu donc là un mouvement, dans votre société. Vous pourriez expliquer, Monsieur le président ? ou Monsieur Piérard ?
E. Revers. — Jean-Marie va expliquer ça, oui.
J.-M. Piérard. — Eh bien, voilà : les enfants — Géraldine, notamment, Laurent et d’autres enfants de musiciens —, en jouant de la musique, contactaient des petits voisins et les incitaient à venir jouer eux aussi. Les parents, c’était " Non " catégorique, parce que les musiciens, ça boit !
— C’est pas vrai ?
— Ah ! on le dit ! (Rires.) Et...
— Et c’est pour ça qu’on ne voulait pas vous abandonner les jeunes ?
— Non. Ni les laisser " traîner ", comme on disait, une journée en rue. Alors il nous est venu à l’idée d’essayer de monter un cours de solfège instrumental ; c’est-à-dire qu’ils apprenaient en même temps à jouer du pipeau, et c’était un solfège relativement agréable à suivre. Et il se fait qu’il y avait juste une douzaine de participants, au départ, dont l’âge allait de six à dix ans, et ces gens ont appris la musique, s’y sont intéressés, ont fait école et nous avons, de ce fait, quitté quelque peu les marches de l’Entre-Sambre-et-Meuse pour tourner en société de concerts, ce qui était bénéfique pour tout le monde.
— Ce qui est très important à souligner, je crois, et qui peut servir d’exemple à pas mal de sociétés, ici, en Wallonie, qui sont à l’écoute de notre émission...
— S’ils veulent des jeunes, qu’ils les intéressent, qu’ils leur donnent des responsabilités au pupitre, et les jeunes suivront.
— Voilà ! Euh, je crois que le chef et le président sont bien d’accord avec ce que vient de dire M. Piérard : c’est une chose très importante sur laquelle il fallait insister.
A. Matagne. — Oui, tout à fait.
— Tout à fait. Bon. Eh bien, il ne nous reste malheureusement plus que cinq minutes, nous allons maintenant écouter la dernière interprétation de cette fanfare de Fraire, ce groupe instrumental, et il s’agit de " Titus ", de Mozart.

(Titus). Fin de l'interview.

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