Souvenirs du Spéléo-Club « Les Nûtons » de Fraire (1964-1983)
par Arthur Matagne 
 
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LES DÉBUTS AVEC LE PATRO
 
   Le spéléo-club de Fraire a eu plusieurs périodes très actives entre 1964 et 1983.
   Il a été créé en 1964 par des dirigeants du patro de Fraire, Arthur et Jacques Matagne, Freddy Scieur et Armand Pirard, après la lecture du livre « A l’aventure dans les grottes belges » de Fernand Lambert. Puis, au moment de la création de la Maison des Jeunes de Fraire en 1967, le club de spéléo y a été transféré.
   Nous avions choisi le nom Spéléo-Club « Les Nûtons » de Fraire, en référence aux Nûtons, peuplade mythique de nains serviables qui habiteraient dans les grottes des Ardennes belges et françaises.
   Notre première grotte a été le trou des Nûtons à Laneffe. Son entrée consiste en un laminoir d’un mètre de large sur 30 cm de haut et le sol de la plus grande des salles fait environ 4 m sur 3, très tourmentés, sur 1,50 m de haut. D’anciens prolongements en étroitures ont pu exister mais étaient à l'époque obstrués.

   Après avoir visité les petits trous de la région renseignés par des connaissances et des prospections sur carte ou au pif (les trous des Nûtons d’Oret, de Jamagne, de Villers-le-Gambon, d’Hymiée, le trou du Pont-des-Diables, la grotte Fernand Servais à Wagnée, etc.), un cousin, qui avait eu l’occasion de participer à une initiation à la spéléo, nous a aiguillés sur le trou Manto à Ben-Ahin, qui a bien d’autres proportions que ces minuscules
   
 
grottes de nos débuts. Quoique avec notre matériel réduit, nous n’avons pu visiter à l’époque que la partie supérieure du complexe que le trou Manto forme par sa jonction étroite avec le trou Saint-Etienne, dont l’entrée avait autrefois servi de chapelle.
   Au début de la période « patro », notre matériel était fort réduit : seul Jacques disposait d’une lampe frontale Winchester ; je n’avais qu’un casque métallique déclassé de l'armée belge acheté au stock américain, une lampe pendue à mon cou par une cordelette, et Freddy ne portait qu'un casque dit « de parachutiste », il n’avait même pas de salopette !

   Dans les années soixante, les membres du club issu du patro étaient principalement (j’en oublierai certainement) :
   Jacques Matagne (président), Armand Pirard, Arthur Matagne (secrétaire), Freddy Scieur, Fernande Matagne, Jean-Marie Piérard, Christian Morre et Léon Revers ; puis, le club étant passé à la Maison des Jeunes, les mêmes qu'au patro plus Gaston Robert, Michel Steinier, Michel Glibert, Christian Baudinne... Et d’autres sporadiquement.

LA MAISON DES JEUNES
 
   Après le transfert du club à la Maison des Jeunes en 1967, d’autres renseignements de sources diverses, et surtout le livre du moine de Maredsous dom Félix Anciaux de Favaux nous ont fait découvrir l’emplacement d’un nombre impressionnant de grottes en Belgique. Au début, nous avons sélectionné des trous qui nous semblaient accessibles, parce que petits ou peu connus, ce qui nous a permis d’affiner nos techniques de progression en étroitures et de topographie.

   En mai 1968, nous avons jeté notre dévolu sur le trou de la Batte à Pont-à-Lesse, hameau d’Anseremme, parce qu’il se trouvait à côté d’un terrain de camping, où nous avons logé deux ou trois jours, dont il n’était séparé que par un canal de la Lesse. Notre équipe de cette époque était formée principalement de Freddy Scieur, Gaston Robert, Jacques Matagne (manquant sur la photo) et moi.
   Nous avons découvert par la suite des grottes bien plus vastes, comme le trou d’Haquin, le trou de l’Eglise, le Wéron, l’Alexandre sur Lustin et Mont-de-Godinne, le Noû-Maulin, le Fayt, le puits aux Lampes, sur Rochefort, On, Jemelle... et bien d’autres.
 
 

 
 
 
Trou de l'Eglise, salle de la Tiare.
Derrière : Gaston.


Ci-dessus : les deux entrées du trou des Nûtons à Flavion (Gaston et Freddy).
 
Ci-dessous, de g. à dr. : Gaston descend l'entrée du trou de l'Eglise (Mont) — Le trou d'Haquin (Lustin) : l'entrée ; la "Sentinelle".
 
Une rangée plus bas : Trou d'Haquin : la "Main", le Pont de calcite puis le "Château-fort".


Ci-dessous : le Cul-du-cheval (trou d'Haquin) — Grotte Saint-Etienne (Ben-Ahin) : le mur du fond, la Sainte-Famille devant Freddy et Jacques, puis Jacques coincé dans la Jonction avec le trou Manto.

AVEC « OPUS FIVE »
 
   La Maison des Jeunes ayant cessé d’exister vers 1972, j’ai continué la spéléo avec des membres d’« Opus Five », mon orchestre de l’époque, pendant quelques années. Celles-ci ont été très fructueuses en explorations poussées.
   
 
   De 1971 à 1975, sept personnes ont participé activement aux explorations :
   Philippe Somers, Fernand Flament, Claude Hayard, Pierre Brognez, Liliana Gambaro, Serge Desmet et moi-même.

Ci-dessus : Philippe Somers ; l'entrée du trou Maulin ; Liliana Gambaro.
Ci-dessous : l'entrée du Grandchamps ; trou Maulin : Fernand escaladant la Dalle, et le Lac souterrain.

LES GRANDES ANNÉES DU CLUB
 
   « Opus Five » s’étant séparé en 1975, j’ai rejoint de nouveau la fanfare de Fraire et communiqué le virus de la spéléo à beaucoup de musiciens : Marc Lorent, Christian Polet et ses frères, Françoise et Maryline Polomé, Maurice Wautier, etc. Devant l’ampleur qu’avait prise le nouveau club, nous nous sommes associés avec la SSB (Société spéléologique belge) affiliée à la FSB (Fédération spéléologique de Belgique) pour nous organiser correctement (assurances, budgets, agendas, etc.). De très nombreuses descentes ont été organisées, dont quelques camps de plusieurs jours, jusque dans les années 1982-1983.
 
   Le nouveau Spéléo-Club après 1976, formé principalement de membres de la fanfare de Fraire, comprenait en gros trente-trois personnes inscrites :
   Arthur Matagne (président), Marc Lorent (trésorier, puis en 1980 trésorier adjoint), Christian Polet (secrétaire, puis en 1980 responsable matériel), Françoise Polomé (secrétaire adjointe, puis en 1980 secrétaire), Brigitte Heremans (trésorière à partir de 1980), André Lorent, René Polet, Maryline Polomé, Claude Escalier, Philippe Matagne, Françoise Van den Heede, Didier Marche, Michel Steinier, Serge Desmet, Romain Barthels, Roseline Barthels, André Clause, Roger Clause, René Clause, Benoit Clause, Marcel Clause, Jean Thomas, Claude Laurent, Jean-Pierre Thibaut, Bernard Thibaut, Freddy Moussa, Roland Bara, Thierry Wilmet, Philippe Goffin, Freddy Paul, Roselyne Paul, Eric Demoulin et Jean-Pierre Leclerc.
   A ceux-ci, il faut ajouter quelques invités qui n’ont fait qu’une grotte ou deux avec nous.
 
   Le 26 février 1977, Le Cercle graphique et culturel de Charleroi, dont je faisais partie, a organisé une visite complète — le carreau et le fond — du charbonnage de Waterschei encore en activité à l’époque, et cherchait des candidats intéressés par cette visite.
   
 
   Immédiatement, j’en ai fait part aux membres du spéléo-club de Fraire, et nous nous sommes retrouvés à dix membres du club (André, René et Roger Clause, Christian et René Polet, Marc et André Lorent, Bernard Thibaut, Romain Barthels et moi-même) et cinq non-membres (Jean-Marie Poucet, Gérard Polet, Georges Lorent, Paulette Jacques et Maurice Devolder), plus deux candidats de chez Dupuis, dont j’ai oublié les noms.
   La photo ci-dessous a été prise après la visite du fond, avant de se changer et de faire sa toilette (devais-je le préciser ?).
Waterschei 1977
De g. à dr. au-dessus : René et André Clause, Arthur Matagne, André Lorent et Jean-Marie Poucet ;
au milieu : Roger Clause, Christian, Gérard et René Polet, Marc Lorent et notre guide (casque blanc) ;
en bas : Bernard Thibaut, deux personnes de chez Dupuis, Georges Lorent, Romain Barthels, Paulette Jacques et Maurice Devolder.

Le camp spéléo d'une semaine à Deigné-Remouchamps en 1978, avec Marc Lorent, Christian Polet, Françoise Polomé et moi-même.
 
Ci-dessous : la chambre.
 

A gauche : l'entrée du Sècheval à Remouchamps.
 
Ci-dessous : l'entrée de la grotte Sainte-Anne à Tilff.
Françoise, Christian, Marc et moi.
 

Rangée inférieure : grotte Steinlein à Comblain-au-Pont : Romain Barthels et Christian Polet devant l'entrée ; photo de droite : Christian Polet aux échelles.
 


CONCLUSION
 
   Il est malheureusement devenu impossible aujourd’hui de refaire la spéléo que nous avons connue : pratiquement toutes les grottes sont fermées par des portes métalliques ou des grilles à toute épreuve. En 1992, je suis allé explorer avec mes enfants la grotte de Flavion afin d’évaluer leur intérêt pour les trous. L’année suivante, j’y conduis des amis et je trouve le grand porche d’entrée de 2 m sur 3 complètement barré par une grille réalisée avec une sorte de rails de chemin de fer croisés tous les 25 cm, soi-disant pour protéger l’habitat des chauves-souris. J’ai pensé immédiatement que ce travail titanesque avait dû coûter bien cher pour protéger des chauves-souris, alors que beaucoup de gens les chassent de leur grenier et préfèrent protéger les pigeons...
   
 
   Actuellement, si vous désirez visiter un trou, il est indispensable de vous renseigner à la Fédération spéléologique belge afin de connaître le responsable de club qui possède la clé du trou convoité, fermé dans le but de le « protéger ». Il est vrai qu’il existe de par le monde beaucoup d’irresponsables qui aiment saccager à tort et à travers, mais ce sont tous les spéléologues normaux qui pâtissent de cet état de choses. Les clubs de spéléo sont ainsi devenus extrêmement rares et servent surtout de gardiens de clés de grottes. C’était pourtant un super passe-temps.
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