 N° 6
Août 2005 |
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à Fraire... Feuille périodique éditée par le groupe Les sentiers du fer / Les pîssintes du fiêr - asbl - Contact : Y. Fontenelle, rue Sarazin, 34 - 5650 Fraire - 071/65 53 23 - y.fontenelle@skynet.be |
Nos festivités du 25 juin sur la place du village |
Ce jour là, nous fêtions trois évènements :
linauguration de notre village fleuri, le Trophée Qualité-Village-Wallonie
remporté brillamment par notre
association et notre village, et le 175e anniversaire de la
Belgique. Une exposition consacrée à ces trois thèmes incitait le visiteur à
sillonner nos rues fleuries, tandis que de superbes photos des célébrations de
1930 lui montraient comment les anciens Frairois avaient fêté, nombreux, avec
faste, les 100 ans de la Belgique.

Notre beau village fleuri |

Un décor de circonstance |

Un lâcher de 175 ballons tricolores... |
Cette journée a été rehaussée par la présence de nos édiles communaux venus nombreux pour nous manifester leur soutien, nous les remercions vivement. Nos remerciements sadressent aussi à nos amis Frairois, et anciens Frairois, pour leur participation à notre petite fête, et à ceux qui nous ont aidé à fleurir notre village.
Un peu de nostalgie...
La route de Fairoul et « sès vîyes djins »
au temps où cet affreux pont ne défigurait pas lendroit. |
Souvenirs de Mireille Charlier
Quand je passe par la route de
Fairoul, jai toujours un pincement au cœur. En bâtissant ce pont, on ma
détruit le quartier de mon enfance.
Il y avait Jules
Ballériaux-père, avec son éternelle casquette et sa grosse moustache toute
jaune, et Angèle qui marchait à petits pas et tenait toujours les mains sur le
ventre, mais ne les croisait pas, elle les posait lune sur lautre avec juste
les pouces croisés. En face cétait le jardin Georges Hubert, il y venait avec
son grand tablier de toile bleue qui lui servait aussi pour ressemeler les
chaussures dans son atelier au bout de la maison. Berthe perdait toujours ses
lunettes. Jaimais bien aller retrouver Aurélien dans son jardin. Il me parlait
comme à une grande personne, de son jardin, de son ancien métier (il était chef
de gare). Lui aussi portait toujours une casquette pour jardiner, ainsi quun
grand cache-poussière gris et des pinces de vélo à ses pantalons, ou parfois
les bas de ses pantalons rentrés dans ses chaussettes. Il me disait souvent
quil maimait bien car nous étions les deux seules personnes nées dans sa
maison depuis sa construction. Nelly était étrange avec ses gros bas de laine
brune. Pendant des années, jai reçu 2 chocolats Jacques à la St-Nicolas et une
ou deux poignées de petits œufs à Pâques. Elle avait lair dune conspiratrice
pour ma donner cela dans la pièce de droite en entrant.
(à suivre)
* * *
A propos du vieux Jules, comme nous disions pour le différencier de son fils : cétait un vieux monsieur agréable et bien paisible. Lorsque lune de ses nièces venait en
vacances, nous laccompagnions lorsquil allait traire à la route du Tic.
Jules était muni de sa « coûbe » (joug à porteur), à laquelle
pendaient les deux seaux. Itinéraire : La ruelle du Rauffe, après le
passage sous le petit pont du chemin de fer nous passions devant la maison du
« petit François et Marie » pour pénétrer dans le Fays et déboucher
ensuite, par un tourniquet, dans une ruelle entre Fays et chemin de fer, et,
après un nouveau tourniquet nous arrivions aux 3-Ponts ; cétait la
« route du Tic ». Pendant la guerre, Jules avait un bœuf pour tirer |
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son chariot, et nous les voyions passer au même rythme lent, Jules à pied près
de son bœuf.
Aimée Charlier
Une ballade
lyrique avec Fabrice Deroo |
Le samedi 13 août, dans la salle du château médiéval
de Thy-le-Château, nous avons eu le privilège de découvrir le talent de
baryton-basse et le talent de comédien de Fabrice. Cet artiste originaire de Fraire fait partie du chœur de lopéra dAnvers. Nous félicitons Fabrice Deroo pour sa brillante prestation et le remercions pour cette soirée exceptionnelle. Nous lui souhaitons une
brillante carrière.
Cyclisme : Justin Van Hoecke
dans léquipe nationale ! |
Cest toujours avec beaucoup de plaisir, et un brin
de fierté, que nous rapportons les exploits dun Frairois. Voici les derniers
résultats de Justin, en catégorie Débutants.
▫ Mars - Coupe de Belgique à
Pommeroeul : 1er / 85 partants ;
▫ Mai - Cras-Avernas
(Hannut) : 1er / 77 partants ; ▫ Coupe de Belgique à
Heusden-Zolder (Limbourg) : 1er / 111 partants ;
▫ Juillet - Paricke (Flandres) : 1er / 65 partants ;
▫ 13 juillet - Championnat Provincial
Namur-Luxembourg-Brabant Wallon - CLM : 1er / 49 partants ;
▫ Août - Tourinnes-St-Lambert : 2e ; ▫ Vélodrome de Gilly : 1er
▫ 15 au 19 août -Tour dAutriche (pour les sélectionnés nationaux) 19 nations - 111 partants :
7e de la 3e étape et 18e au cl. final ;
▫ 24 août
- Coupe de Belgique CLM à Cerfontaine : 17e / 248
partants. ;
▫ La cerise sur le gâteau :
La 3e place de Justin, avec une médaille de bronze, au championnat
de Belgique, le 24 juillet à Wezin
Justin est entré dans léquipe nationale, catégorie
Débutants, composée de 12 coureurs dont seulement 2 wallons.
Cela ne fait aucun doute que notre champion, valeur
sûre de sa catégorie, nous réserve encore de belles parties de manivelles.
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Linvasion de Fraire en août 1914 par Pascal Decamp |
Relater
la chronologie de faits de guerre comporte toujours une grande
complexité : comment situer clairement dans le temps et lespace une telle
diversité de bataillons et de régiments ?
Afin
de clarifier au possible la situation sur le terrain des combats en cette
période du 20 au 30 août 1914, faisons un petit tableau des forces en
présence en mettant en exergue les régiments qui ont combattu dans notre
région.
I - LAllemagne.
En août 1914, larmée allemande disposait de 46 corps darmée (2 millions
dhommes). Elle en possèdera 74 corps en fin 1914. Ces corps darmée sont
regroupés en 7 armées. Dans notre région a sévi la IIe armée sous la direction du Général Von
Bülow. Cette IIe armée comprenait 260.000 hommes, concentrés au camp
dElsenborn. Son rôle était dinvestir Namur, puis dattaquer les armées
françaises défendant les passages de la Sambre, ainsi que Charleroi.
Composition
de la IIe armée :
- Le Xe corps (de Hanovre) qui sévira chez nous
- La Garde prussienne (de Berlin)
- Le 3e corps et le 3e de réserve (de Berlin)
- Le 7e corps et le 7e de réserve (de Münster)
II - La France.
Celle-ci comprenait 5 armées en août 1914.
Dans notre région, la 5e armée du général
Lanrezac, appelée lArmée de Sambre et Meuse, devra protéger les Ardennes et
sapprêter à se porter sur les Flandres. Son quartier général sera dabord à
Réthel puis au château de Chimay.
Composition de la 5e armée :
- Le 1er corps (Lille), composé de Lillois
et dArtésiens, commandé par le général Franchet dEsperey
- Le 3e corps (Rouen), composé de Normands
et commandé par le général Sauret. Il comprend notamment la 38e division, dont la 75e brigade (Yves-Gomezée, le 23 août) et la 76e
brigade (Somzée, Tarcienne). Il recevra en renfort la 69e brigade du 18e corps, dont le 6e régiment dinfanterie (Somzée) et
le 123e régiment dinfanterie (Chastrès, Laneffe, Fraire).
- Le 10e corps (Rennes), composé de
Bretons et commandé par le général Defforges.
- Le 18e corps (Bordeaux), composé de
Girondins, de Basques, de Landais et de Pyrénéens.
La semaine du 15 août 1914 les Turcos campaient à
Fraire.
Dans la nuit du jeudi 20 au vendredi 21 août, ils partent vers la Sambre
pour la fameuse bataille qui aura lieu aux environs de Tamines contre le Xe
corps darmée allemand.
Le samedi 22 août au soir, les Français se replient en
désordre. Repoussés de Châtelet et de Tamines après la bataille de la
Basse-Sambre, plusieurs régiments sont décimés. La 69e brigade du 18e
corps darmée français viendra en renfort du 3e corps dans notre région. Cette 69e brigade comprend le 6e régiment
dinfanterie qui prendra position sur les hauteurs de Somzée et le 123e
régiment dinfanterie qui viendra épauler la 76e brigade (38e
division, 3e corps) sur les hauteurs de Chastrès, Laneffe et Fraire. La 75e brigade (38e division, 3e corps), très
éprouvée, ira récupérer un peu à larrière, à Yves-Gomezée.
Ce même 22 août au soir, à Fraire, on assiste à un
véritable exode : des civils fuyant de Charleroi traversent notre village et
terrorisent la population : « Fuyez ! A 2 heures du matin,
Fraire sera bombardé ! ».
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Le dimanche 23 août, cest toujours une cohue de
fuyards et de blessés, militaires et civils, qui traversent le village.
Pourtant, sur le front des opérations, la journée est plus calme. Pas ici, car
lartillerie française essaie de retarder, tant bien que mal, un combat
imminent. Pour cela, depuis la route de Chastrès (à 200 mètres du cimetière de
Fraire) et des hauteurs de Somzée et de Laneffe, les canons français tirent sur
les positions allemandes vers Tarcienne et vers Oret. Le combat dartillerie
durera jusque 19 heures. Presque tous les Frairois ont quitté le village et
lartillerie française se replie vers 19 heures.
Pour sauver son armée de lencerclement et la perte
de milliers de soldats, Lanrezac décide un replis stratégique de façon à se
reformer à larrière, ce qui permettra la future bataille de la Marne.
Le lundi 24 août à laube, la 76e brigade dinfanterie française se repliera en douce à
Clermont. Après avoir passé la nuit et la matinée aux environs de La Botte, la
75e brigade dinfanterie ira la
rejoindre vers 14 heures, tandis que la 69e brigade ira occuper
Silenrieux (123e régiment dinfanterie) et Walcourt (6e
régiment dinfanterie).
Au matin du lundi 24 août, quelques canons étaient encore
en position à gauche de la place de Fraire et beaucoup de caissons dartillerie
étaient dans les rues. Des Turcos et un régiment de Zouaves tenaient toujours
leur position près de la grandroute et de la Place Verte. Des soldats épuisés
arrivent en disant que lennemi entrait dans Laneffe. A Fraire, les derniers
soldats et civils quitteront le village vers 9 heure 30 et à 10 heures du matin
les Allemands entrent dans Fraire. Sans autre but que celui de terroriser, ils
brûlent deux maisons : celles dAuguste Taverne et de Vital Poulain (à
langle des rues de Mahy et St-Ghislain. Vers 19 heures, ils en brûleront
dautres à La Botte : les maisons Clippe et Anciaux. Le zouave Arthur
Boullay (de Versailles) sera retrouvé mort près de la Grand-Place. Cette
invasion ennemie fera encore deux victimes civiles à Fraire : - Un homme de 66 ans, Maximilien Delhaye, sera surpris
dans la rue, un revolver à la main. Il sera pendu à un arbre près du carrefour
de la Fostelle, entre Fraire et La Botte. On retrouvera son corps dans un
fossé, la tête fendue dun coup de sabre. - Alphonse Spilette, 45 ans, sera
emmené par les Allemands, ligoté à un canon. Il sera exécuté à Fosses et inhumé
sur place.
Le dimanche 30 août, un régiment de Dusseldorf
cantonnera dans notre village.
Cette furie allemande à Fraire sera lœuvre dun
régiment de Hanovriens du Xe corps.
Dans les villages environnants, ont notamment
sévi :
- La 6e colonne de transport du Xe
corps, qui brûla Laneffe.
- Le 91e régiment dinfanterie (37e
brigade, 19e division, Xe corps), qui participa à la
prise de Laneffe.
- Le 164e régiment dinfanterie (39e
brigade, 20e division, Xe corps) et le 5e
Hussard, qui seront à Yves-Gomezée le 25 août.
Bibliographie
- Histoire illustrée de la guerre du droit (Emile
Hinzelin - 1921)
- Linvasion allemande dans les provinces de Namur
et de Luxembourg (Nieuwland et Schmitz - 1920)
- Témoignages
recueillis en juin 1915 et à la libération
- Silenrieux (Jean-Philippe Body - 2004)
- Laneffe, mon village - Tome II (Jean-Yves Massart -
1994)
- Août 14 (André Balériaux - 1994)
Terminé à Fraire le 11 février 2005. |
Faits de guerre 40-45, faits
de vie Entretien avec Monsieur et Madame LARIVE - par Aimée Charlier |
M. et Mme Larive habitent à « La Maroquette »
depuis 10 ans, la maison quils avaient fait bâtir leur servait précédemment de
résidence de week-end. Albert Larive est bien connu à Fraire : originaire
de Marbaix, près dAvesnes, il est né de père français et de mère flamande, ses
parents se sont connus lors de la guerre 14-18. Après le décès de sa maman en
1939, Albert vient vivre chez sa marraine, à La Docherie. Lors du déclenchement
de la guerre en mai 40, il part pour la France avec sa famille belge. Un soir,
ils font halte dans une maison abandonnée, près de Saint-Quentin, dans la
maison contiguë se trouve une jeune fille de Marcinelle qui deviendra, en 1945,
Madame Larive. Un nouveau mariage sest comme cela préparé. Albert, qui avant
guerre était devenu coureur cycliste, continue à participer à des courses, et,
avec dautres cyclistes, pour améliorer lordinaire, va chercher du beurre pour
sa famille dans la région dAvesnes, il en revend aux environs de Charleroi.
Cest alors quil est contacté par un FFI, en vue de servir de courrier, il
transporte des messages des deux côtés de la frontière. Son vélo est pourvu dun pédalier (Watt) à
axe creux où il introduit ses parchemins, il en obstrue ensuite les extrémités
avec un peu de boue.
Cela fonctionne bien jusquau 10 avril 1944 : il a participé au « Grand prix de Wignehies», près de La
Capelle, lorsque, arrivé à Strée, une embuscade lui est tendue. Il a été
dénoncé. Il devait porter un message chez Maurice Lamendin, agent du
« Groupe G », mais deux Feldgendarmes, en compagnie de policiers en
civil, sans doute des Belges de la « Formation B » de sinistre
mémoire (tueries dHam-sur-Heure en 1944...) lattendent. Albert, qui veut forcer
le barrage, est abattu par un des policiers belges (qui sera fusillé en 1946 à
Charleroi). Les Allemands arrêtent le camion de ce même Maurice Lamendin, qui,
par hasard, revenait de Thirimont où il était allé ravitailler des aviateurs
américains cachés. Les Allemands
ordonnent de charger le blessé dans le camion, et, sous la garde des deux
Feldgendarmes, il est amené chez le Dr Dagneaux à Clermont. Sa blessure est
grave, il a reçu 2 balles dans un poumon. Toujours sous la garde des
Feldgendarmes, il est transporté vers lhôpital de Charleroi. Ce lundi de
Pâques 1944, la ville vient de subir son premier bombardement, visant son
réseau industriel : dautres attaques suivront, contre les gares, nœuds
routiers, usines, en préparation au débarquement en Normandie. Les hôpitaux de
Charleroi sont remplis, Albert est transféré à Mons. Sa fiancée, prévenue, part
à sa recherche avec sa maman, profitant dun camion des Brasseries Labor qui se
rendait à Mons. Elles vont de prison en prison. Mme Larive se souvient quelles
se sont adressées, sans le savoir, à une prison pour femmes où on leur a
répondu quelles « ne trouveraient jamais un homme en cet
endroit ». Finalement, elles le
voient amené dans un hôpital, sur une civière, dans le coma. Il sera soigné à
Mons jusquen juillet. Depuis son lit, il assistera au bombardement de la gare...
Le 18 juillet, deux infirmières vont laider à sévader. Lune delles, |
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Mme
Delcambre, qui fait partie des P.A., le prévient que deux policiers, un vrai et un faux policier qui est un résistant, lattendent derrière le mur. Il doit les suivre. Il est conduit à Nimy chez un M. Vantrimpont qui le cachera pendant deux jours, ensuite chez
M. Quichon, directeur des Tuberies de Nimy. Mme Quichon lui donnera un costume
(Albert le fera retourner pour son mariage en 1945 - restriction oblige). Enfin
il est amené chez M. et Mme Ergot, toujours à Nimy, mais là il est dénoncé par
une voisine qui la aperçu. Heureusement, Armand, son hôte, trouve tôt le matin
un mot davertissement dans sa boîte aux lettres, présage de larrivée probable
de la Gestapo (avis émanant sans doute du facteur). Albert doit se
sauver : il rampe dans les pommes de terre, ensuite le long du canal où il
va se cacher dans une meule de paille, pendant 8 jours. Le fils dArmand lui
dépose de la nourriture, feignant de chercher des pissenlits. Les Allemands
visiteront, en vain, la maison de ses hôtes, mais ninsisteront pas. Finalement
Albert retournera chez Armand qui le cachera, jusquen septembre, dans une
citerne à eau. La citerne a été vidée jusquà 30 cm, on y a placé un matelas
sur des madriers et des planches. Cette vie de reclus durera 2 mois.
Après son arrestation, sa famille avertie par les Allemands, doit reprendre son portefeuille et ses effets à la Kommandantur de Charleroi, installée dans le Bâtiment Administratif
de lUT. Sa fiancée sy présente, très impressionnée, là, elle a la surprise de
rencontrer un jeune-homme de Marcinelle quelle connaissait avant guerre, mais
dont elle ignorait la reconversion : il travaillait pour loccupant. Il la
conduit vers le bureau ad hoc, mais chacun feint de ne pas connaître lautre,
elle ne la plus revu.
Après la libération, Albert fut affecté à la garde de prisonniers allemands dans lhôpital où il avait lui-même été prisonnier. Il aura loccasion daider un blessé alsacien qui avait été
enrôlé de force par les Allemands.
Le calme revenu, Albert Larive reprendra ses compétitions cyclistes, tout en travaillant aux ACEC à Jeumont, ensuite à Charleroi. Aidé au départ par un grossiste en cycles, M. Gantois, il pourra sinstaller à son compte. Secondé par son épouse, il ouvrira un magasin
de cycles à Marcinelle, avant de prendre, seulement à 75 ans, une retraite bien
méritée et de jouir du calme et du bon air de Fraire. A noter que M. Larive
vient de recevoir une lettre de reconnaissance, signée par le roi, pour les
services rendus au Groupe G.
M. et Mme Larive-Higuet ont fêté cette année leurs noces de
Diamant (60 ans de mariage). Ce samedi 3 septembre, ils ont été reçus par les
autorités communales, ainsi que le couple Léon Evrard-Odette Huon, qui fêtaient
leurs noces dor (50 ans de mariage). Trois autres couples de Fraire ont eu 50
ans de mariage cette année : Gilbert Lambrechts-Bernadette Peersman, Raoul
Désirant-Yvette Colinet et Joseph Bechet-Nadine Dahy. Les sentiers du
fer-Les pîssintes du fiêr les félicitent cordialement. |
Nos belles processions par Blanche Matagne. |
Autrefois, chaque année, à Fraire, avaient lieu
plusieurs processions religieuses suivies par de nombreux fidèles : les
rogations, la procession du Saint-Sacrement, la procession et la marche de
Saint-Ghislain, la procession de lAssomption le 15 août à Fairoul.
Parfois, jy pense et quelques souvenirs me reviennent...
La procession du Saint-Sacrement
Cette procession à laquelle beaucoup de gens participaient avait lieu chaque année, le dimanche qui suit la « Trinité » après la messe.
Dès le petit matin, dans les maisons, on effeuillait des fleurs pour remplir les corbeilles de pétales, je sens encore le délicat parfum des fraîches pivoines blanches mêlées aux autres fleurs colorées. Les mamans arrangeaient des rubans repassés et fixés par une pince dans les cheveux des petites filles vêtues de leurs robes du dimanche.
Je navais pas 12 ans mais je revois très bien le cortège solennel et bien organisé qui déambulait dans les rues du village respectueux.
Devant, portant des soutanes rouges recouvertes du surplis, les enfants de chœur portaient la Croix, leau bénite et le goupillon, suivaient un cortège de bannières : celle de la Vierge Marie, garnie de chaque côté de larges rubans bleus tenus par deux enfants, celle de Saint-Remi, patron de la paroisse ; quatre jeunes filles vêtues de blanc portaient sur
leurs épaules la statue de la Vierge Marie, les trois reliquaires représentant
« la foi », « lespérance » et « la charité »
étaient portés par des anges.
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Jouées par la fanfare, les marches de procession telles « Lauda Jérusalem » alternaient avec les chants comme : « Chez nous, soyez Reine » chantés par les
fidèles, tandis que sous le dais, escorté par les hommes qui portaient des lanternes allumées, coiffé de sa barrette, Monsieur le curé présentait des deux mains lostensoir ; faisant la haie, les enfants semaient sur son passage les pétales de fleurs contenus dans la corbeille pendue à leur cou par un ruban.
Sur le parcours, par les portes ouvertes ou à la plupart des fenêtres des maisons, on pouvait voir une statue ou une image pieuse encadrée de deux cierges allumés, certaines personnes, restées à lintérieur, égrenaient leur chapelet et se signaient au passage de la
procession, les messieurs ôtaient leur couvre-chef.
En passant devant la place du village, les enfants jetaient un coup dœil furtif vers le carrousel de Monsieur Culot : non, il nétait pas encore ouvert... Le cortège sarrêtait devant les reposoirs montés pour la circonstance (devant chez Marie Soumoy, chez Jean Hontoy et peut-être encore dautres que joublie). Monsieur le curé, paré de sa chasuble richement brodée, montait solennellement les marches grinçantes couvertes de tapis, jusquà lautel orné dune nappe blanche amidonnée, surmonté dune croix, de chandeliers et de vases de fleurs ; ensemble, on récitait les prières suivies de chants pieux. Spectacle impressionnant et grandiose pour la petite fille que jétais. |
Ene aute musike dè no
campagne par Brigitte
Hosslet - Juillet 2005. |
Si on vout prinde èl timps dchoûter, no campagne pout nos causer dès eûres dasto : lès mouchons su lès couches, lès gèrnoûyes dé lès bayaus, èl vint dins lès bouchons, lès bièsses au tchamp, lès cinsîs a leû boûye... Ostant dbrûts quon-ôt an routant pattavô lès vôyes dè no vilâdje.
Mais i-gn-a ène aute musike dins no ptit cwin dtère dAnte-Sambe-èt-Moûse : Choûtèz pô çouci : lâye Madame, Casbac, èl baraque Batisse, èl prè Picârd, au trô dès rnaus, Clairchou, au prè al basse, al vôye du tic, au Boulifournia, padzeû lès courtis, au tri
Badou, dzeû lès rèdons, èl bos dès rotches, aus rôsias, au prè dès pauves... Et dpôreû continuer co lontimps... On tchantereut voltîye çoula come ène litanîe du Bon Dieu : lès nos coûreneut, danseneut, voleneut, font passer dvant nos-oûy, èl vikâdje |
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dè nos tâyes : cèst zia quon trouvè cès nos-la pou raconter listwâre dè téle èt téle place. Lès sèt cint quarante kilomètes cârès du vilâdje èrchenneut a in grand djeu dsôciètè ayu chaque cwin a sno avou sn-istwâre : dènnai rtrouvè passè pus dcint... Dènnai seûr roubliyi èt i-gn-a co quon nconeut pus paçquè dins lès vilâdjes, lès céns qui
conchént lmia tous cès nos-la, çasteut lès cinsîs (toutes leûs tères avént
leû no !), èt asteûre dès vîyes cinsîs, i-gn-a pus wére !
Adon, poucwè couri au diâbe la jolîe pou atinde dès nos « exotiques » : Ténérife, Caraibes, Seychelles... quand nos avons lcrédit dawè ne si bèle musike dins no campagne dè Walonîe ; apèrdons a comprinde au triviè dlêy, lès lçons qunos tâyes nos ont lyi, su nos racènes a tèrtous, ostant qunos astons ! - NDLR : tâyes =
ancêtres |
Notre groupe : Léa ADAM (071 655148) - Bernard BAUTHIERE (0475 999788) - Aimée CHARLIER (071 655323) - Pascal DECAMP (0495 492345) - Pol DE WITTE (071 655854) - Jean-Jacques DRABBEN (071 650294) - Marc LORENT (0473 981972) - Blanche MATAGNE (071 650561) - Fernande MATAGNE (071 333979) - Patrice PLANCHE (071 655966) - Achille TROTIN (00 333 27 466352) - Charles SEPULCHRE (071 650388) - François SEPULCHRE (071 650388) - Yvon FONTENELLE (tél./ fax 071 655323).
Nos objectifs : La sauvegarde de la mémoire et du patrimoine, bâti et non bâti, public et privé, de Fraire et Fairoul, en particulier la sauvegarde et la mise en
valeur du passé minier et industriel et le transfert de la connaissance du passé du village vers la jeune génération.
Nos partenaires : LAgence de Développement Local et le Centre Culturel de la Ville de Walcourt - Lasbl. Qualité-Village-Wallonie
Nos publications :
« Fraire sur les traces de son passé minier » par Achille Trotin (septembre 2001)
« En 1940, javais 7 ans et je me souviens... » par Aimée Charlier
(septembre 2002)
« Les croix doccis de mineurs à Fraire » Fiche de patrimoine éditée par la Région Wallonne (septembre 2003)
« Promenade à Fairoul » Textes de Pascal Decamp, Jean Barreaux et Aimée
Charlier (septembre 2004)
« Répertoire des spots et... Petite chronique de Fraire » par Aimée Charlier (octobre 2004)
Notre compte bancaire : N° 732-0105202-08 «Les sentiers du fer - asbl» 34, rue du Sarazin à Fraire
Site Internet (Arthur Matagne) : http://users.skynet.be/fraire/sentifer/sentife.htm
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Editeur responsable : Yvon Fontenelle
Trophée et fleurs par Evrard-Remy Jeanne |
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Nous voilà donc partis
Sans nous faire dillusions
Mais sommes rentrés ravis
Et remplis démotion
Cétait notre secret
Déjà tant convoité
Dobtenir ce brevet
Eh bien voilà, cest fait !
Il nous plaisait à nous
Cétait dans notre programme
Nous ne sommes pas des loups
Mais nous avons de la hargne
Car ce trophée pour nous
Est une belle récompense
Et nous donne un atout
Et une joie immense
Nul doute que cette plaque
On pourra ladmirer
Car elle aura sa place
Et sera notre fierté
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Le prochain objectif
Cétait le village fleuri
Il fut communicatif
Et chacun sy est mis
Hommes de bonne volonté
Menuisiers doccasion
Ont donc confectionné
Un peu à leur façon
Avec beaucoup damour
Chacun à leur manière
Très vite ont vu le jour
Ces belles jardinières
Celles-ci bien disposées
Donnent un nouveau cachet
Et notre petite cité
A un aspect coquet
Nous souhaitons donc maintenant
Dans un profond respect
Que tous les habitants
Gardent notre village propret. |
Un mot
dexplication : Le samedi 21 mai, une délégation des Sentiers du fer sest
rendue à Liège pour assister à la remise du Trophée Qualité-Village-Wallonie.
Système D au XIXe siècle par Achille Trotin |
Ou comment les femmes de nos villages se débrouillaient pour tirer leur lait.
Rosalie Fidél (cest le spot de Rosalie Mahieu, épouse dAuguste Charlier, dite aussi Man Lalie) avait donné naissance à une quatrième fille et dernier enfant, le 6 décembre 1876. Elle se prénommait Irma. Quelques mois plus tard elle a demandé à sa fille Joséphine, âgée de 7 ans, daller acheter des pipes : - « Dlé lFéve ? » - « Nonna, dlé Marie du Ché pasquelle vind |
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des pupes à long tu-yau. » Cela à la grande surprise de la petite Joséphine, qui sest exclamée : - « Vos nalez nin feumer endon man ? » - « Vos wérè bé », dit-elle. En fait,
elle cessait dallaiter et elle utilisait ce type de pipe au tuyau légèrement courbe comme tire-lait ! Ce midi-là, Joséphine nest pas rentrée à la maison. Sest-elle réfugiée chez une tante ? Nous lignorons. |
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