FIÊR DÈ NOS PÎSSINTES
à Fraire...
N° 1
Novembre 2003
Feuille périodique éditée par le groupe Les sentiers du fer - Les pîssintes du fiêr - ass. de fait
Contact : Y. Fontenelle, rue Sarazin, 34, 5650 Fraire - 071-65.53.23 - y.fontenelle@infonie.be

Les pîssintes du fiêr ont toudis èl kieur a l’ouvrâdje ! En voici la preuve dans ce premier numéro de notre feuille périodique, spécialement rédigée pour vous, frairois, et anciens frairois, de manière à vous tenir informés et à vous faire participer à nos activités et projets. En retour, nous serions heureux de connaître vos commentaires, vos idées, suggestions... Ne sommes-nous pas à l’ère de la communication ? Comme vous pourrez le constater à la lecture, en dépit de notre silence, nous progressons dans nos réalisations, lentement peut-être, mais sûrement.

Nos projets en cours :

Création d’un réseau d’itinéraires balisés sur le thème de l’extraction du fer et de la métallurgie : L’étude à été réalisée par nos soins, avec le support technique de l’asbl Qualité-Village-Wallonie et de l’Agence de Développement Local de la Ville de Walcourt, initiatrice du projet. En vue d’obtenir les autorisations et subventions indispensables, nous avons établi un dossier complet qui a été remis au Collège. Il a déjà été soumis au groupe TRANSWAL (pour " TRANS­WAL­COURT ") et a recueilli l’avis favorable de l’assemblée. Nous espérons que notre travail portera ses fruits.
Au cimetière
, comme vous savez, la tombe en fonte de la famille LATOUR (XIXe siècle), représentative de notre passé minier et industriel, a été restaurée par notre association, grâce au sponsoring de Cockerill, à nos fonds propres et au bénévolat. Il nous reste encore à rénover la clôture en fonte qui l’entoure. Ce type de tombe est unique dans la région.

Le monument de la famille Mineur est le plus majestueux de notre cimetière. François-Joseph MINEUR, bourgmestre

de Fraire pendant 37 ans, et son fils Stéphany, étaient industriels (fondateurs des usines de Marchiennes-au-Pont et Vireux-Molhain) et maîtres de forge au milieu du XIXe siècle, période prospère de l’extraction de minerai de fer dans notre village. Le monument en pierre a été nettoyé par brossage, par des membres de notre groupe. Pour la restauration des clôtures des deux tombes, un dossier de demande de subvention à la RW est en cours de préparation.

Enfin, nous avons entrepris un inventaire des monuments du cimetière ( fiches patrimoniales ), étape qui pourrait donner suite à une publication et à des actions concrètes de sauvegarde, telles que l’installation de petits éléments funéraires le long des murs du cimetière... 

Pour le cimetière, nous avons besoin d’aide "manuelle", ne fut-ce que quelques heures, notamment pour le nettoyage de tombes.


Le projet qui vous tient à cœur : La cerise sur le gâteau... sur la place du village ! Nous en avons fait l’objet de notre LOGO ! L’opportunité de manifester votre soutien à ce projet devrait bientôt se présenter...
...
dans le cadre du Programme Communal de Développement Rural, des réunions seront tenues dans les villages de l’entité, donnant à chacun l’occasion de proposer des projets. Venez nombreux ! A suivre...

" Fiche de patrimoine " pour les Croix d’occis : Il s’agit d’une " fiche " standard éditée par la Division du Patrimoine du Ministère de la Région Wallonne pour les éléments patrimoniaux présentant un caractère historique exceptionnel. Le dossier de base ( texte A. Trotin sur l’origine des croix d’occis, photos, croquis, carte et description de la promenade) a été préparé par nos soins, en collaboration avec l’asbl Qualité-Village-Wallonie.
Vous pouvez vous procurer cette fiche, dès à présent, chez Y. Fontenelle ou à l’Office du Tourisme à Walcourt. Prix : 2 € .

A Fraire, à une certaine époque, on dit qu’une maison sur deux était un café. Aujourd’hui ils sont tous disparus. Au cours de nos manifestations précédentes, beaucoup de gens nous ont dit se rappeler tous les cafés qui existaient à Fraire dans les années 40-50. Lieux de réunion et de convivialité aussi bien que de satisfaction bachique... Qui ne se souvient de Marie-Madeleine, Germaine, Rosalie et Cadie ?

Les cafés de notre village et d’ailleurs, au temps jadis...
feront l’objet de notre prochaine exposition, prévue pour septembre 2004.

A cet effet, nous recherchons des informations, vieilles photos, documents, objets et meubles divers, ayant trait à nos anciens cafés, mais aussi des témoignages, des anecdotes... Si vous pouvez nous aider pourriez-vous nous le faire savoir dès à présent ?
Le moment venu, nous aurons besoin d’un sérieux coup de main pour l’installation, car n’étant pas les seuls à utiliser la salle, ce travail important devra être réalisé en peu de temps. Si vous pensez pouvoir vous rendre disponible, ne serait-ce que quelques heures, pourriez-vous nous le signaler dès à présent ?

Cette exposition, nous voulons que vous l’appréciez, qu’elle vous rappelle des souvenirs... Mais sans vous nous ne pourrons pas la réussir. C’est pourquoi nous désirons savoir si nous pourrons compter sur vous.

 

Textes de Jeanne et de Brigitte

Notre amie Jeanne Remy a bien voulu nous décrire avec tout son cœur comment elle ressent et voit notre village de Fraire. Nous vous livrons le texte qu’elle nous a fait parvenir. Merci Jeanne et félicitations !
Quant à Brigitte Hosslet, nous n’avons pas fait appel en vain à elle, et c’est dans notre belle vieille langue
wallonne qu’elle nous livre ses souvenirs où nous pouvons nous rendre compte que, malgré ses vingt ans passés dans la région liégeoise, une bonne partie de son cœur est aussi restée à Fraire.
Mèrci branmint Brigitte, èyèt tous nos complimints. Nos pinsons ètout què vos avès co ds’ôtes saqwès a nos dîre.

A vos souvenirs... Questions d’Aimée Charlier
- Qui pourrait me dire si le bombardement de mai 40 à la rue de Laneffe, avec une bombe sur le trottoir de Rosalie, a eu lieu le dimanche 12 ou le lundi 13 mai ?
- Y aurait-il parmi vous des personnes qui se souviennent avec précision de l’endroit où est tombé l’avion allemand en 1943 ? Dans ce cas, auriez-vous l’obligeance de me le faire savoir ?


Les "spots" (surnoms - sobriquets) à Fraire aux alentours de la guerre 40-45 par Aimée Charlier
Tout le monde se souvient encore de Lèyon-du-gros-Thomas  - autrement dit Léon Flandre qui faisait de si beaux décors pour les soirées et qui grimait acteurs et actrices. Les acteurs se retrouvaient, à peu d’exception, avec une belle moustache. Sa femme c’était Hélène Boulanger. Ils habitaient à la route d’Yves - actuellement R-M Revers - Léon travaillait à l’Hôtel des Chemins de Fer à Charleroi.
Nous avons connu aussi son frère Camille-du-gros-Thomas - Camille Flandre - époux d’Appolline Boulanger, sœur d’Hélène. Ils avaient deux sœurs : Josèphine-du-gros-Thomas - épouse Aimé Carly - et Hélène-du-gros-Thomas - épouse Camille Gilniat. Leur maman c’était Mar-Thèrés-du-Mouche ou Marie-Thérèse Mathieu, qui a failli donner une centenaire à Fraire.
Mais il y avait deux autres Léon Flandre à Fraire, d’où l’intérêt des spots.
Le moins connu peut-être c’était Lèyon Bernard, donc Léon Flandre, sa femme s’appelait Léonce et ils habitaient au Chemin des Vaches, actuellement rue de la Scierie - maison du milieu près de chez Gilbert Lambrecht. Ce Léon là était notamment apiculteur. Un autre Léon Flandre, personnage bien typique de la rue de Fairoul (actuellement maison André Hanoulle), c’était Lèyon-du-Gayèt, époux Hélène Belle. Son père c’était déjà èl Gayèt - un " gayèt " en wallon serait
un jeune taureau fougueux (dictionnaire wallon de Cerfontaine).Ce Léon là avait un frère : Victor-du-Gayèt qui avait épousé Eloïse Auquit dite Eloïse-du-Tiquet , et deux sœurs : Jeanne-du-Gayèt, épouse Hector Gissalin dit Hector-dè-Goûrdènne car il était natif de Gourdinne et Appoline-du-Gayèt, épouse Bruaux - habitant Hanzinelle -
On se souvient peut-être un peu moins, sauf les plus anciens, du Crolè d’èl Tchawète - ou Walter Demeuse. Son spot viendrait de sa maman : èl Tchawète... (Tchawète = bavarde). Un bien brave homme - veuf depuis 1938, sa femme Julienne étant " tombée morte ", comme on disait alors, en arrivant à son travail chez les vieux Ruy, rue de Fairoul. Walter est donc resté avec ses trois filles. Il était pensionné du Chemin de Fer et jouait le bombardon à la fanfare, avec Eugène Matagne. Il était un des quatre décorés, avec Emile Torlet (Hautenne), Jules Mahieu et le Coq Magain (Philémon Magain), en 1950 lors du cinquantième anniversaire de la fanfare l’Union (suivant Arthur Matagne). Pendant la guerre, chez Walter, à la Maroquette, les jeunes de Fraire, et même des environs, pouvaient se distraire car on vendait des boissons et on dansait le dimanche soir. Un jeune homme de Vogenée - Mèmèch - jouait de l’accordéon et faisait danser jeunes hommes et jeunes filles. Des idylles se nouaient et des mariages se sont conclus.

Quelques broutilles à propos du sauvetage du Quili... par Achille Trotin
L’abbé Evrard en relatant l’événement a écrit (édition Arthur Matagne p.90) : " 1865. Le 22 mai, un éboulement dans une mine à terre plastique (ou à silex) faillit amener la mort d’Occuli Lechat ".
Dans un article publié par la Nouvelle Gazette (en 1985 ?) Léon Adam, dit Djambert, fournit des précisions très intéressantes sur les conditions de l’accident et du sauvetage " d’Auguste Lechat dit l’Quilly ". Il situe l’accident dans la minière. Il nomme les deux premiers sauveteurs qui interviennent : François Mathieu " èl Mouche " et Célestin Blavier " èl Grand Céleste ".
En fait une demande de récompense pour acte de courage
précise que l’accident survenu le 22 mars 1865 concerne Victor Lechat et non Auguste. On y déclare qu’èl Quili a été recouvert par un éboulement de quinze mètres de sable dans une fosse d’extraction de minerai de fer. Les sauveteurs en descendant avec des cordes ont arrêté le sable avec des fascines en risquant leur vie, puis ils l’ont évacué. Ils ont travaillé de 13 heures à 19 heures. Les sauveteurs cités sont François Chochol, Théodore Lambert et François Mathieu et non Célestin Blavier. Léon Adam explique que cette survie miraculeuse est due à un réflexe remarquable de Victor Lechat qui " s’est coiffé d’un panier pour conserver un trou d’air ".

Nous adhérons à Saint-Nicolas en Musique...

Depuis 2001, Les sentiers du fer contribuent à la Saint-Nicolas par leur participation financière à l’opération " Saint-Nicolas en Musique " et par la confection de sachets de bonbons pour les enfants des écoles de Fraire et les pensionnaires du home. Par sympathie au comité organisateur " pour une Saint-Nicolas en Musique ", nous diffusons l’avis suivant :

C’est bientôt la Saint-Nicolas. Comme chaque année, le grand Saint parcourra les rues du village pour aller gâter les enfants des écoles, accompagné, du moins nous l’espérons, de quelques musiciens. Le comité pour une Saint-Nicolas en musique, qui s’est constitué voici trois ans déjà, va donc solliciter à nouveau tous les comités du village afin de récolter des fonds pour rémunérer les musiciens. C’est pourquoi, nous, membres du comité organisateur de Saint-Nicolas en Musique, vous demandons à vous, membres des divers comités du village, de réserver bon accueil à la demande que nous vous enverrons dans les jours qui viennent, et ce afin que nous puissions réunir suffisamment de musiciens pour donner à cette fête la couleur qu’elle mérite, et afin que cette tradition à laquelle nous tenions tant, souvenez-vous, étant enfants, ne disparaisse pas pour toujours.
Pour les personnes qui désireraient participer financièrement à cette opération, le numéro de compte est le 732-0029382-42. Merci d’avance.

Pour le comité organisateur : Marc Lorent

Mon beau village par Evrard-Remy Jeanne

Mon village est modeste
On dirait un joyau
Pour moi, je vous le confesse
Il me paraît le plus beau
Bordé par quelques bois
Dans un écrin de verdure
Ses grands champs de colza
Et ses vertes pâtures
On y est vraiment bien
On y trouve de tout
On a tout sous la main
Sans se déranger beaucoup
Nous avons docteurs et pharmacien
Boulangers et bouchers
Ainsi qu’un magasin
Infirmières et kinés
Il y a pour chacun
Ce qui est important
Le transport en commun
Pour tous les déplacements
Aussi pour se distraire
Faut pas trop de privation
A peu près chaque semaine
Il y a de l’animation
Pour moi ce petit village
Est à féliciter

Car il est à la page
Comme une grande cité
D’ailleurs, quand une raison de famille
Vous oblige à le quitter
On n’a plus qu’une envie
De venir s’y ressourcer
Déjà dans le passé
Nous fûmes vraiment gâtés
Ce n’est pas orgueilleux
De dire qu’en héritage
Nos parents, nos aïeux
Ont marqué leurs passages
Nous avions des fonderies
Avec tous leurs remblais
Ainsi qu’une verrerie
Extraction de minerais
Et bien d’autres encore
Changer c’était leurs droits
C’était le plein essor
Ils n’avaient que le choix
Plus un grand chemin de fer
Pour les exportations
Et ils étaient si fiers
De remplir les wagons
Mais c’était le bon temps
Tout le monde travaillait
Et l’on était content
Personne ne chômait
C’était des durs labeurs
Du travail de parias
On voyait leur sueur
Qui tombait sur leurs bras
On ne gagnait pas beaucoup
On faisait avec peu
Je crois que malgré tout
Ils étaient plus heureux
Les temps ont bien changé
Il ne reste plus rien
Le tout a basculé
L’avenir est incertain
Mais d’ombre n’attristons pas tout ça
Comme de grands seigneurs
Continuons le combat
En espérant qu’un jour
Ceux-ci seront meilleurs
C’est pourquoi
Remplis d’admiration
Nous devons être fiers
Afin de commémorer,
et de ne pas oublier
Notre beau village de Fraire
Et son riche passé.

Le village de Fraire en 1832   par Jacques Brilot

Commune du canton de Walcourt. Ses dépendances sont Fairoul (hameau), la Botte et le moulin de Fairoul. La superficie du territoire est de sept cent quatre-vingt-huit bonniers.
Hydrographie
Un ruisseau prend sa source dans la commune et arrose le hameau de Fairoul. Il alimente un moulin à farine et sert aussi à l’irrigation des près.
Sol
La surface du territoire est très inégale. Les plaines sont assez inclinées. La pente des coteaux est très rapide à Fairoul. Le terrain calcaire et schisteux, qui forme en partie le fond du sol, renferme un amas de fer hydraté. C’est principalement à Fairoul, dans la campagne du sud, et les bois de Fraire que l’on trouve ce minerai. Dans la bande calcaire qui traverse le territoire, on a exploité une granite à taches plus blanches que celui de Ligny.
Agriculture
Ce terroir produit de l’épeautre, du seigle, de l’orge, de l’avoine, des féveroles, du trèfle, du foin, des pommes de terre, des légumineuses et des fruits. On cultive peu les plantes oléagineuses. Un huitième de la superficie est planté en bois, taillis et futaie. Le sol, quoique ingrat, est bien cultivé et exploité en grande, moyenne et petite tenue. On rencontre sur divers points quelques pâtures communales dont
une partie pourrait être améliorée par la culture. Les fermiers élèvent des chevaux pour la culture seulement, un assez grand nombre de bêtes à cornes et de moutons.
Population
Cinq cent quatre-vingt-quinze habitants.
Habitations
La commune compte trois fermes et cent cinquante-cinq maisons. Le chef-lieu se compose de cent quatorze habitations plus ou moins bien construites. Le hameau de Fairoul comprend une ferme, un moulin et une vingtaine de maisons. L’église de Fraire dédiée à Saint-Remi a été fondée en 1792 par l’abbaye " d’Aulne ". Elle est entourée du cimetière.
Commerces et industries
L’extraction de la mine de fer occupe beaucoup de bras et donne lieu à un assez grand commerce. Il y a quelques auberges établies sur la grande route de Philippeville à Charleroy. Un moulin à farine et un moulin à drêche, mus par eau, une brasserie et deux ateliers de maréchal.
Routes et chemins
La grande route de Philippeville à Charleroy traverse la commune du Nord au Sud et passe par le chef-lieu. Il y a en outre cinq chemins vicinaux, d’une exploitation difficile pendant l’hiver et les temps pluvieux. Un ponceau en bois.


(D’après le " Dictionnaire géographique de la province de Namur par Philippe VanderMaelen. Bruxelles 1832)
Nos vifs remerciements à Monsieur J. Brilot (Centre de documentation historique, rue de la Folie, 56 à Yves-Gomezée - www.esmhistoire.be.tf) pour son aimable participation à la rédaction de cette feuille.


FRÈRE, POUR MI , C’ÈST ... par Brigitte Hosslet
Quand on m’a d’mandè, a mi qui d’meure au lon dèspû ’ne bone vintène d’anêyes asteûre, dè scrîre saquants mots su no vilâdje, ç’qu’i m’a v’nu d’abôrd al tièsse, c’est ’ne quèstion : Frère, pour mi, qu’èst-ce què c’èst ?
Èt bén, pour mi, Frère c’èst d’abôrd èl Maroquète : d’i ai v’nu au monde dins l’cinsse qu’èm moman d’meure toudi... èt ayu dè r’véns pus souvint qu’a m’toûr !
C’î l’timps dèl sôyerîe da Graux, dèl fonderîe, dès-ouvrîs qui passént a pî ou a vélo d’vant l’môjon an criyant dès bièstrîes ; c’î l’timps du tch’min d’fyèr, des michelines èt dès trins d’mârtchandîses dèl ligne Walcoû-Florènes, c’î l’timps du "signal" qu’anonceut qu’èl trin ariveut èt qu’i faleut lumer quand on r’mwinneut lès vatches au tchamp...
Èl Maroquète d’adon, c’î l’dicausse du mwès d’awousse, lès chèfs dè djonnèsse avou leûs grossès flotches auz-ès r’vèrs dè leû djaquète, Èlvîre Cârly èt Ma Djâcques qu’aprèstént l’cafè dins in grand boulwè, èt qu’î vûdént lès lites dè goute qu’alént fé danser lès djins d’vant l’tchapèle Sinte Bârbe aviè lès cénq eûres...
Èl Maroquète, c’î co l’place avou l’ètang, l’Trô Tomas... rimpli d’meûmeûres èt d’fram-bôjes, lès bayôs dèl Machine, èl vîye cârière plène d’eûwe : on-i pécheut dès cat’pices èt dès maclotes...
Èm Maroquète da mi, ç’asteut co l’bone odeûr dèl sètche foûrèye dès cwèjas au Prè Picâr, lès târtines dè pwin d’agasse mindjîes a meume èl tère avou ’ne jate dè freud cafè (què dès coupiches bagnént co bén... mès nén quèstion d’fé l’nareû, tout passeut... èt ça cheuneut bon, co bén ! )
Èl Maroquète, c’î co l’magasin d’toubac’ da Georges Crwèsè, l’angar ayu Valentin Tenrèt brûleut l’chicorèye, c’î l’vèrerîe, èl’ bayô d’ l’ Aye, bén coneû dès pécheûs...
Mès i-gn-a deus d’bouts a Frère, èl Maroquète ènnè yun, èl Vôye dè Féroul, c’èst l’ôte : èl moulin ; l’Vôye du Tic qui monte qu’a Nandrivô, les tchapèles Notre-Dame de Lourdes èt l’pètite Sinte Rita, l’ètang Mûseû ayu m’pârin Èctor aleut nos péchî dès rousses...i n’vleut jamés nos lyi v’ni avou li d’peû
qu’nos tchèyénche a l’eûwe " Vos-astèz d’z-arnôches " dijeut-i.
Frère, c’î l’Sarazin, l’Bon Dieu du Blon, l’grand-route qui déskindeut co avou sès léds toûrnants qu’a pad’vant l’èglîje èt r’monter après su L’nèfe ; Frère, c’î l’ruwèle Dandène èt l’fabrique dè toubac’ da Luc Crwèsè, les Gôs, èt pièrdu au mitan dès patûres, èl tiyou stindu padzeû Sint Djilin èt s’vîye potèle.
C’î ètou l’Place Vète, l’vîye èscole’ dé l’cèmintière (qu’aveut co s’bèle tchapèle au mitan).
Frère, c’î l’bone dîjène dè boutiques dèspôrpiyis pattavô l’vilâdje : Biyèle a l’ruwèle Dandène (on i aleut qué dès sabots), a l’Abèye (dé Marie Soumwès qui fyeut dès si bèlès bwèsses de batème !), dé Rôsa Coclèt (qui vindeut tout ç’qu’on pleut awè dandji dins ’ne baraque dè plantches), dé Marîe èt Marguerite Chârlier asto d’l’èglîje... C’î l’boutique dè solés da Bèrte èt Georges Hubèrt, lès trwès boutcherîes : Firmin, Djosèph èt l’Chonchon... dè n’dîrai trop rén su tous lès cabarèts (ayu on danseut a l’acôrdèyon auz-ès dicausses) : Marie-Madelène, Torlèt, Coclèt, l’Pètite Tchapèle, Van Hoeck...
Pour mi, Frère , c’î ètou lès trwès dicausses : l’pôrcèssion du Sint-Sacremint èt l’pètite dicausse du mwès d’jwin (l’dimègne d’après l’Trinitè, oyeut-on dîre !) ; l’cène du Raclo, èl trwèsième dimègne d’octôbe... èt bén seûr, èl Sint Djilin !
A, Mès preumîs Sint Djilin ! Lès blancs vantréns d’twale dès sapeûrs arindjis tèrtout au pus bia avou lès rubans da Ermine du Gris (qui fyeut dès tchapias d’couméres), l’passâdje dès places, l’preumière sôrtîe, lès fifes èt lès tamboûrs qui ravèyént l’vilâdje a cénq eûres au matin ... I-gn-aveut nén ostant d’sôtes dè sôdârds qu’asteûre, mès pour mi, no Sint Djilin valeut bén l’Sinte Rolande ou l’Trinitè !
Qwè dîre d’ôte què ç’què vos r’sintèz vous-ôtes meume tèrtout, d’ènnè seû seûre, an sondjant a no bia p’tit vilâgje d’Ante-Sambe-èt-Moûse, quand i s’estind pô bia timps an fyant craquer s’vîye chine dè pèyisan.

Glossaire

èl signal : aux passages à niveau non gardés, un bras articulé se levait lorsque le train s’annonçait et se baissait une fois le convoi passé
lumer : observer attentivement, épier
ène flotche : un nœud, une cocarde
in boulwè : chaudière pour faire bouillir la lessive
dès meûmeûres èt dès frambôjes : des mûres et des framboises
(dès frèjes, dès cèréjes, dès caclindjes : des fraises, des cerises, des myrtilles)
dès cat’pices : des salamandres
dès maclotes : des têtards

in cwèja: une meule de foin
du pwin d’agasse 
:
des tartines préparées à l’avance et
ramenées du lieu de travail à la maison (les enfants en raffolaient)
fé l’nareû : faire le dégoûté
arnôche : turbulent
in tiyou : un tilleul
dèspôrpiyî : éparpiller
èl chine : le dos, l’échine


Notre groupe : Léa ADAM (071 655148) - Aimée CHARLIER (071 655323) - Pol DE WITTE (071 655854) -
Pascal DECAMP (0495 492345) - Jean-Jacques DRABBEN - Yvon FONTENELLE (071 655324) - Anne
FRANCHIMONT (QVW) - Marc LORENT (0476 330276) - Vanessa MARCHAL - Blanche MATAGNE (071 650561) -
Fernande MATAGNE (0473 515214) - Gérard MATHY - Achille TROTIN (00 333 27 466352)
Nos objectifs : Sauvegarde de la mémoire et du petit patrimoine du village de Fraire, avec un intérêt particulier pour la
sauvegarde et la valorisation du passé minier et industriel et le transfert de la connaissance du passé du village vers la
jeune génération.
Nos partenaires : Agence de Développement Local de la Ville de Walcourt - a.s.b.l. Qualité-Village-Wallonie
Nos publications :
" Fraire sur les traces de son passé minier " par Achille Trotin (septembre 2001)
" En 1940, j’avais 7 ans et je me souviens... " par Aimée Charlier (septembre 2002)
" Les croix d’occis de mineurs à Fraire " Fiche de patrimoine éditée par la Région Wallonne (septembre 2003)