N° 34
Mai 2024
 
FIÊR DÈ NOS PÎSSINTES

à Fraire…

 

Feuille périodique éditée par le groupe  Les sentiers du fer / Les pîssintes du fiêr - asbl - Contact : J. Thomas, rue Saint-Remy, 10 - 5650 Fraire – 071/65.56.22 – frairothomas@gmail.com


2024, ANNÉE DES ANNIVERSAIRES.

1904 : Première marche militaire de Saint-Ghislain.
10-7-1904. A l'initiative de l'abbé Joseph Durvaux, curé de la paroisse, une marche militaire est mise sur pied pour accompagner la procession existante (depuis 1848 ou 1890 ?) en l'honneur de Saint-Ghislain, Rendez-vous les 20, 21 et 22 juillet.
 
1964 : Début des travaux de la Nationale 5
Dans ce numéro, vous trouverez des photos de certains endroits de Fraire, avant, pendant et après les travaux.
 
2004 Année prolifique pour le groupe des Pîssintes du Fiêr
Les SdF recueillent un franc succès grâce, notamment, à l’exposition sur les cafés, agrémentée de la revue « Si Fraire m’était conté »
 
Visite guidée de Fairoul
Entretien du patrimoine
Tradition du café à l’goute
 

A FRAIRE, IL Y A DE QUOI « FER »

Dans quelques semaines, les jeunes du cercle théâtral de Fraire vont présenter un spectacle au profit du groupe des Sentiers du Fer. Ils contribueront ainsi à l’entretien de la fontaine, et, aussi, à la réfection d’une croix d’occis. La première partie du spectacle sera consacrée à l’évocation de l’exploitation du fer à Fraire, (Fraire vient du latin ferrarias, fer). Nous évoquerons notamment le sauvetage d’un mineur enfoui sous 15 mètres de sable, en 1865, suite, sans doute, à un défaut d’étançonnage de la mine. Ce drame avec happy end est représenté par une peinture de Sodar, à voir dans l’église de Fraire.

1670 : une ordonnance du Prince-Evêque de Liège oblige pourtant les mineurs, les Frairois entre autres, à étançonner leurs puits par des branches
  de charme et à les reboucher une fois le minerai épuisé.
 

 
À la « Minière Communale » de Fraire, 45 sièges fonctionnaient en 1878, dont 6 à ciel ouvert. L’extraction se faisait principalement en souterrain, par des puits de 1,50 m de diamètre qui descendaient à 20 m de profondeur. Les ouvriers exploitaient à leur compte et vendaient le minerai 10,5 francs la tonne. En 1878, 22.500 tonnes de minerai brut ont été extraites des minières de Fraire et envoyées, par rail, vers le Bassin de Charleroi, puis ce fut le déclin. Inaugurée en 1871, la fontaine fut le chant du cygne de cette période dorée. Avis aux amateurs : en 2024, il existe toujours dans notre sous-sol des milliers de tonnes de minerai qui vous attendent. C’est une idée à creuser.

SOUVENIRS D’UN GAMIN DE FRAIRE : 1953-1958
Bernard BAUTHIERE
    Mes parents avaient deux vaches pour améliorer leur quotidien. Devant la maison, un fumier, une charrette à traire et deux cruches que le laitier venait chercher chaque matin. Nous allions traire chaque matin et chaque soir. Nous avions aussi des prairies en location à Vital Gochard, à la Maroquette, actuellement derrière chez Emile Delcoigne, et à la rue d’Yves, à côté de la forge d’Amand Dubois, derrière chez les De Roo.
    J’allais souvent dans la forge du « marchau », c’était amusant de voir les flammes s’activer au ronronnement du soufflet, et, surtout, cette odeur de charbon et la chaleur dégagée me faisaient penser au foyer des locomotives à vapeur que nous contemplions avec admiration... Les cheminots étaient les héros de notre enfance : visage buriné, foulard rouge, casquette et bleu de travail, ils avançaient doucement au son d’un tchou... tchou quand ils venaient chercher des wagons de marchandises à la gare de Fraire, plus bas que l’école communale.
    Pendant nos temps libres, avec Pol Croisez, nous faisions des courses d’escargots que nous faisions grimper le long des poteaux électriques. Nous allions également sonner aux portes chez les vieux. En juillet-août, tôt le matin ou tard le soir,
  nous entendions le hululement du souffleur, chez Donnet ou chez Hennaux, qui expédiait grâce à un puissant ventilateur, les gerbes de foin ou de paille dans les fenils.
    A côté de la maison, il y avait le chaisier, Achille Smal, ancien combattant de 14-18, et son épouse Denise. Ils n’avaient pas d’enfants et étaient ravis que je leur rende visite. A la bonne époque, muni d’un petit courbet, il m’emmenait au bois pour faire des hottes de baguettes de noisetier pour, après les avoir préparés, confectionner des paniers et des « respellots ». Nous les plongions dans la citerne pour faire prendre l’eau et faciliter ainsi la torsion et le vannage de l’écorce. Je n’avais que 10 ans quand il m’a appris à faire mon premier panier !
    Membre d’une famille de cultivateurs, ayant aussi des vaches et des chevaux, Je participais aux travaux des champs : labours, fenaisons, « kwèjas ». L’hiver, nous allions au bois couper les portions vendues par la commune. Quel bonheur, alors, d’allumer un feu pour réchauffer sa gamelle : boulettes, chou rouge, prunes au vinaigre et café chaud, toutes ces odeurs me remontent encore aux narines aujourd’hui. J’entends encore les coups secs de la hache, le crépitement des braises dans un nuage de fumée, et, plus de 60 ans après, ces images composent dans mon esprit un tableau vivant.
    A cette époque, il n’y avait ni télévision, ni PC, ni GSM ou autre smartphone : nous passions notre temps dehors au gré des saisons, dans le bonheur d’une enfance insouciante.

ANECDOTES DE POL DE WITTE
Du temps de l’abbé Evrard, j’étais enfant de chœur et j’avais pris l’habitude de boire du vin de messe en cachette. Mais le curé s’en était rendu compte et il m’a tendu un piège. Un jour où je venais de boire une gorgée de vin, il est arrivé dans la sacristie et m’a demandé si c’était moi qui buvais son vin en cachette. Evidemment, je lui ai dit que non. A ce moment-là, il m’a attrapé par la peau du dos et m’a emmené en face d’un miroir. « Et ça, Pol, dit-il, qu’est-ce que c’est ? » J’avais les lèvres toutes bleues ! L’abbé Evrard avait enduit le goulot de bleu de méthylène. Comme absolution, j’ai ramassé une calotte monumentale.   A la même époque de mes 10 ans, mon voisin Claude Locatelli, profitant de l’absence des parents, m’avait invité chez lui et nous avions bu du vin rouge. L’après-midi, dictée en classe. Tout à coup, je me mets à vomir et une tache rouge inonde mon cahier. Croyant à une hémorragie, Mlle Caroline alerte ma maman et fait venir le docteur Moraux. Dès son arrivée, il renifle bruyamment et dit : « Ça sent le vin, ici ! » Comprenant ce qui s’était passé, ma mère passe des larmes de détresse aux cris de colère et me secoue en me faisant jurer de ne plus jamais boire d’alcool. Eh bien, pour le vin rouge, j’ai tenu parole !

 
MOTS CROISES FRAIROIS (J. THOMAS)
HORIZONTALEMENT
A. Il y en a beaucoup cette année. — B. Mettre bas. — C. Flagrantes. — D. Noms anglais. - Eux. — E. Mer. - Surtitre. — F. Elles ont leur loup. - Lui. — G. Ceux des mines sont très simples. — H. Issus. - Celui des S.d.F est la fontaine. — I. Familier. - Métier courant à Fraire, en 1850.
 
  VERTICALEMENT
1. L’inauguration de la fontaine en fut un. — 2. Utilité du treuil dans la mine. - Possédé. — 3. Useras. — 4. Données. — 5. Fort. - Lettre. — 6. Recherché par le mineur. — 7. Celui du mineur de fer était rudimentaire. — 8. Choisi. - Nouveau en wallon. — 9. Amis wallons.
 
 

 
La fontaine, peu avant sa démolition, en 1951.


SOUVENIRS DES ACEC
Par YVON FONTENELLE
PAS DE JAVA A JAKARTA...
Le lundi 11 décembre 1972, j'étais occupé, aux ACEC à Charleroi avec deux spécialistes de Westinghouse venus spécialement des USA, quand le Marketing, contacté des USA par... Westinghouse, me demande de partir pour Jakarta le lendemain ! Ce voyage fut extrêmement fatigant à l'aller : Bruxelles - Rome - Bombay - Bangkok - Singapour - Jakarta. Si je me souviens bien, environ 16 h de vol, et au total une trentaine d'heures de voyage... dont des heures d'attente à Rome, que j'ai mises à profit pour visiter la ville, en car. Sur place, j’ai mené à bien ma mission, sans avoir eu de temps libre pour faire la java, et encore moins du tourisme.
 
... MAIS DU ROCK AND ROLL !
Le vol retour sur Thai-International Airlines, entre Jakarta et Singapour, a été très perturbé au-dessus de la mer de Chine. Le pilote avait prévenu de l'approche d'une zone de turbulences qu'il ne pouvait éviter. C'était la mousson d'hiver. Cela a commencé par du roulis et du tangage de plus en plus fort, comme si on roulait sur un chemin plein de trous. Soudain le nez de l'appareil s'est cabré. La pente du plancher était telle que le chariot des repas et boissons a dévalé le couloir vers l'arrière où il a culbuté, répandant son contenu... L'avion est tombé dans un trou d'air épouvantable.
  J'avais le souffle coupé. C'était la nuit. Par le hublot, je voyais la petite lampe rouge du bout de l'aile qui montait et descendait. L'aile semblait plier assez fort ! L’avion tremblait !
L'instant d'après, le cycle recommençait... Le nez se cabrait à nouveau... etc. On était très secoués et dans tous les sens... Je me cramponnais au siège devant moi pour ne pas culbuter, malgré ma ceinture.. A bord, c'était le désordre, la panique. L'hôtesse qui servait les repas était tombée sur les genoux d'un passager, s'agrippant au siège devant elle. Certains vomissaient dans le sac ad-hoc. J'ai passé le mien à la jeune demoiselle à côté de moi. Le commandant de bord essayait de rassurer

les passagers : Please wait for 20 sec... again, please... Le plus mauvais vol que j'aie jamais connu ! Quand le calme est revenu, on a eu droit au champagne ! A l'aéroport de Rome, j'étais tellement fatigué que je me suis endormi, me réveillant juste à temps pour attraper mon vol pour Bruxelles.

Les Tombes romaines de la Maroquette.

En 1883, 3 tombes romaines ont été découvertes à la Maroquette. On n’en avait encore jamais parlé ! Le préposé aux fouilles avait pourtant envoyé un rapport à la société archéologique de Namur, mais le conservateur n’en a pas tenu compte : le village de Fraire était bien mentionné, mais, comme il y avait trois Fraire répertoriés à l’époque — Fraire-la-Grande, Fraire-la-Petite et Fraire-la-Crotteuse (près de Biesmerée) —, dans le doute, il a préféré passer ces fouilles sous silence. Voici le rapport de l’époque. D’après les commentaires de l’auteur, ces tombes se trouvaient près d’une mine de silex, donc peut-être au Trou Thomas.
 

   Une des fibules.

Achille Trotin, qui nous a donné ce document, nous signale que les objets répertoriés sont visibles au musée archéologique de Namur. Il ajoute que les fibules (sortes de grosses agrafes pour tenir le vêtement), dites « en argent », sont en bronze étamé. Ces découvertes s’ajoutent aux deux « trésors de Fraire », présentés par Achille dans nos numéros précédents et visibles sur le site Fraire-Fairoul, dans les publications des Sentiers du Fer. Nous avons une pensée pour Achille, qui vient de perdre son épouse et son frère Francis en l’espace d’un mois.

LES MYSTERES DE L’OR BLEU. (J. Thomas)

Beaucoup de Frairois se souviennent de l’étang de l’Hâye, qui était situé le long de l’ancien chemin de fer, à quelques dizaines de mètres de l’ancienne verrerie et de l’ancien chenil de la Mineaudière. Lors d’une épreuve internationale de course d’orientation, en 1985, les concurrents avaient reçu une carte détaillée de Fraire, mais aussi des bois de Morialmé et de Saint-Aubin, dont cet étang faisait partie. Sur cette carte, il occupait une surface de plusieurs ares. Eh bien, depuis lors, cet étang a bel et bien disparu ! Que s’est-il passé ?
 
En contrebas du terrain de football, dans la prairie dite du Zin, se trouvait un étang, ancien lavoir à minerais datant des années 1850. C’était un endroit prisé des Frairois, amateurs de pêche... ou de grenouilles. Là aussi, cet étang, qui avait survécu à bon nombre de canicules, s’est lui aussi mystérieusement asséché. Il n’en subsiste qu’une mare formée par les eaux de pluie. Là aussi, que s’est-il passé ?
 
Photo : Le bayau du Zin en 2011.
 
Plus modestement, dans ma cave, depuis toujours, une nappe phréatique remontait par un puits lors des gros orages ou des chutes de pluies continues. Une pompe évacuait l’eau vers l’extérieur ; mais en 2020, elle a rendu l’âme pendant les inondations, et ma cave s’est retrouvée noyée sous 30 cm d’eau. Depuis lors, nous avons encore connu quelques déluges, mais, bizarrement, l’eau n’a plus débordé du puits. Que s’est-il passé ?
 
La disparition des deux étangs m’attriste beaucoup, mais je dois avouer que celle de la nappe phréatique m’arrange bien.
 

Notre groupe :
Bernard BAUTHIERE (0475 999 788) - Pascal DECAMP - Pol DE WITTE (0494 263 196) - Marc LORENT (0473 981 972) - Blanche MATAGNE (071 650 561) - Fernande MATAGNE (0473 515 214) - Jean THOMAS (071 655 622) - Achille TROTIN (00 33 327 466 352) Charles SEPULCHRE (0471/11 73 21) - François SEPULCHRE (0474/479880) - Président d’honneur : Yvon FONTENELLE.
 
Nos objectifs :
La sauvegarde de la mémoire et du patrimoine, bâti et non bâti, public et privé, de Fraire et Fairoul, en particulier la sauvegarde et la mise en valeur du passé minier et industriel et le transfert de la connaissance du passé du village vers la jeune génération. La valorisation du cadre de vie des Frairois.
 
Site Internet (Arthur Matagne) : https://fraire-fairoul.be/sentifer/sentife.htm


IL Y A 60 ANS COMMENÇAIT LA CONSTRUCTION
DE LA NOUVELLE ROUTE
 
AVANT 1964
 

A gauche, chez Fidèle Charlier, marchand de charbon.
EN 1964
 

Les fondations du pont.
EN 2024
 

Le pont se trouve tout près de la maison à droite des deux vues précédentes.


De cet endroit, on allait à pied aux Sept-Ponts, à Fairoul. Belle époque.

Un passage est creusé dans le talus du chemin de fer, pour laisser passer les engins de chantier.

Nouveau monument aux morts 1940-1945.


L'ancienne école communale.

La chapelle du cimetière sera rasée
par la suite.

On a bâti à l'emplacement de l'école.


A gauche, le bâtiment du « téléphone ».

La « nouvelle » pharmacie, à droite,
à gauche du café Van Hoecke.

A droite de la route, la rue de la « Place Verte » !

Les photos des travaux de 1964 sur la N5 sont tirées du site  https://fraire-fairoul.be, chapitre Curiosités historiques page détaillée : 1963 construction de la nouvelle route. — Les photos actuelles (colonne droite) sont d'Hélène Javaux.
 

SOLUTION DE LA GRILLE n° 33 :