Enlèvement des deux plus grosses cloches de l'église en février 1944
ou remise en place de la cloche moyenne en avril 1945

(Photo 1 : Arthur Matagne — photos 2, 3 et 4 : Christiane Laffineur.)


• Le 28 février (ou le 31 janvier ?) 1944, les deux cloches les plus importantes de l'église de Fraire furent enlevées par les Allemands ; la moyenne fut reprise dès le lendemain mardi 1er mars, en même temps qu'une cloche de Laneffe, par les Résistants de la région de Laneffe (MNB) à la verrerie Foulcaud de Montignies-Neuville. Elles ont été enterrées ensemble à Laneffe dans le parc du château Vincent, en face de l'église, la nuit du 1er au 2 mars, dans un trou creusé par des Russes, qui fut ensuite rebouché et garni d'un parterre de fleurs par le concierge Alexandre. Déterrée le 17 avril 1945, elle fut replacée dans le clocher de notre église, munie d'un roulement à billes.
La grosse cloche, non retrouvée, a été remplacée en 1970, douze ans après l'automatisation électrique des sonneries depuis l'horloge placée dans le choeur.
 
Mars 1943, l'occupant allemand décide de réquisitionner les cloches des églises pour en récupérer le cuivre et l'étain nécessaires à la fabrication d'armement. Après avoir rassemblé et fondu les cloches allemandes, on prit celles des pays voisins.
En Belgique, les curés lurent en chaire la lettre des évêques : « ... Notre devoir épiscopal nous oblige à déclarer que toute collaboration à l'enlèvement des cloches de nos églises est gravement illicite en conscience. Nous demandons que tous, prêtres et laïcs, observent une attitude calme et purement passive ».
Un Belge, M. Joseph Debeir, crée une commission nationale pour la sauvegarde des cloches. En accord avec l'officier Roseman, chargé de la réquisition des cloches en Belgique, M. Debeir met au point un recensement et l'établissement d'un fichier contenant la photo et la description de chaque cloche d'église belge. Ils décident aussi, pour conserver le patrimoine artistique, que les cloches antérieures à 1750 et celles des carillons devraient rester en place. Il fut admis également qu'une cloche au moins devrait rester dans chaque église.
Ce fut la firme belge Van Campenhout qui fut chargée de dépendre, descendre et transporter les cloches vers leur destination transitoire pour triage, entre autres l'Ile Monsin, à Liège.
Un total de 4.600 cloches belges ont été prises par les Allemands, dont 561 contrôlées par la Commission après dépendage. Il a été peint sur chaque cloche "BELG" suivi d'un numéro.
Après triage, les cloches partaient à Hambourg pour la fonte. Certaines ont disparu en cours de route. Un Limbourgeois, Gaston Vandenberg, aidé de six autres personnes, a enlevé de nuit 29 cloches dans leur clocher en utilisant le matériel installé par Van Campehout la veille du dépendage prévu. Ces cloches ont été cachées dans des étangs ou des fossés.
Le 1er septembre 1945, à Hambourg, les Alliés trouvèrent des cloches déjà concassées et d'autres intactes, dont 800 belges. Celles-ci furent rapatriées à Anvers le 8 octobre 1945 par le navire belge Lys, retrouvé lui-même dans les eaux territoriales allemandes.
Un total de 170.000 cloches européennes ont été réquisitionnées entre 1943 et 1944, dont 150.000 ont été détruites, ce qui correspond à plus de 45.000 tonnes de bronze.
Les renseignements ci-dessus sont tirés de l'émission TV  Sauveurs de cloches, de Didier Hill-Derive. JFB production, 1996 - RTBF département documentation. Centre de l'audiovisuel à Bruxelles (C.BA).