Cartes à diverses époques de Fraire-Fairoul

Les premières cartes de Fraire, du Ier au XIVe siècles, sont « supposées » ; en fait, elles sont déduites de ce que nous savons des débuts du village, de son industrie et de son mode de vie, de l’ancienneté apparente de certaines constructions et de certains chemins ainsi que de la probabilité d’existence de rapports commerciaux ou autres avec des villages voisins dont l’existence était établie à ces époques.
La première carte véritable connue date de 1720 ; elle est due à Henri Fricx et a été établie de mémoire, sans levé ni mesure, et son orientation était fort approximative.
La carte des Pays-Bas du comte de Ferraris, beaucoup plus précise, date de 1777.
Les cartes intéressantes suivantes sont l’Atlas des chemins belges, établi vers 1830, lors de l’indépendance de la Belgique. Nous avons ensuite la carte dite « d’état-major » au 40.000, en principe destinée à l’armée belge et établie dans les années 1930. Et enfin les cartes actuelles de l’Institut géographique national.
Dans la succession des cartes en plan de Fraire et Fairoul, il est intéressant de comparer les changements d’affectation des routes intervenus au cours des siècles ; surtout entre 1777 et 1850, période de progression très rapide de l’industrie du fer et d’augmentation forte de la population, qui passe en septante ans de 410 habitants (dont 100 à Fairoul) à 1.525 habitants (dont 190 à Fairoul).

Note. — Sur ces cartes, les routes et emplacements en pointillés indiquent les routes et emplacements actuels, pour faciliter le repérage.
 

• La carte du centre aux premiers siècles ne reprend guère que la villa romaine (château-ferme) au croisement de l’ancienne route Walcourt-Morialmé avec l’ancienne route de Laneffe (Neffe)-Froidmont ; ceci au nord du Preyat, le grand marécage qui marquait le futur centre de Fraire.
La carte générale du village à cette époque indique au nord la chaussée romaine Bavai-Trèves, le village de Fairoul avec ses routes de l’époque et la route Florennes-Walcourt au sud, qui longeait l’emplacement de la future chapelle Saint-Pierre à la Botte.



• On remarque vers le XIIe siècle l’apparition d’une route menant du Moulin de Fraire (Trois Ponts) à Saint-Aubin en longeant le côté sud du preyat et du ruisseau, ainsi que l’existence d’un chemin partant du Mau S’Tienne vers Minbercée, par la chapelle Saint-Pierre à la Botte. C’est aussi de cette époque que semble dater le « chemin du Seigneur », qui est la prolongation de la route venant de Chastrès-Nandrivaux, près de l’ancienne place Verte, qui traversait le village par le tracé de l’ancienne rue du Centre (devenue rue Saint-Remi), devant chez Jean Thomas, passant devant la « petite cense du seigneur » (devenue l’école Libre), traversant le ruisseau puis le Preyat à l’emplacement du Monument et se continuant jusqu’au lieu-dit Croix-Berniat par la rue des Barrières et la rue Maustienne.



• Sur la carte de 1777, on découvre la rue des Sarrazins, mais qui, devant chez Yvon Fontenelle, continue en droite ligne vers l’emplacement de la chapelle Sainte-Rita (où se trouvait encore en 1950 une croix tumulaire fort ancienne), qui formait donc à cette époque un carrefour avec la route de Nandrivaux (partiellement disparue) et la nouvelle route reliant Fraire à Fairoul par le sud du bois des Roches. Ladite rue des Sarrazins, à cette époque, se continue vers l’est jusqu’à la rue de la Fonderie ; elle longe donc la plupart des minières. C’est aussi sur cette carte qu’on aperçoit un chemin provenant de la chaussée romaine à Mahy, se dirigeant vers l’ancienne verrerie (Mineaudière) en empruntant une portion de la rue de Saint-Ghislain au trou Baudhuin encore existante aujourd’hui. On y découvre aussi le chemin reliant le Bia Saint-Tienne à la Maroquette, via la boulangerie Delfosse, la chapelle Sainte-Barbe et le chemin de la Scierie, continuant par le trou Thomas vers une ancienne route de Morialmé par l’étang de l’Hâye et le fond du Disrodia.
Sur la carte du centre de Fraire, on voit maintenant une nouvelle route venant de Laneffe, qui longe l’ouest du château, continue vers le sud par la rue du Preyat et rejoint le Mau S’Tienne près de l’ancien chemin de fer par l’ancienne continuation de la rue du Wez. On y voit aussi clairement délimitée la frontière entre la principauté de Liège (Fraire) et le comté de Namur (Fairoul) qui, lui, se termine par l’enclave de la Botte, appelée à l’époque la Botte de Fairoul.



• En 1850, le chemin de fer est tracé, ce qui bouscule toutes les voies de communications qu’il coupe. C’est ainsi que le carrefour Sainte-Rita disparaît, la partie ouest de la route des Sarrazins étant redirigée vers le Moulin et se continuant vers Nandrivaux en passant sous le nouveau pont à trois arches du chemin de fer par la rue dite « vôye du Tic ». Depuis 1824, la route de Laneffe se continue maintenant vers Philippeville par le trajet que nous lui connaissons, en évitant la rue du Preyat et le Mau S’Tienne. La plupart des chemins formant la Maroquette ont fait leur apparition, ainsi que la route Fraire-Rouilllon, achevée en 1839.
A Fairoul, la rue du Trou cesse d’être la rue principale du hameau et cède la place à la route actuelle, qui longe puis escalade la falaise nord de la vallée de Fairoul. De même, la route Fairoul-Yves prend la gare comme nouveau point de départ, et de son ancienne origine démarre une nouvelle route qui se dirige vers une ferme au sud-ouest.
On accède maintenant à l’église par l’ouest, et non plus par la cour de la ferme. La ruelle du Wez prend une nouvelle direction. Le nouveau cimetière communal est terminé depuis 1845. La grand-place actuelle n’existe pas encore ; son emplacement est occupé par le ruisseau Jaune, le Wez, où on abreuve les chevaux, et la maison Bayenet et son jardin.



• Sur la carte de 1950, la nouvelle route de Morialmé, passant par Mouchenaire et rejoignant l’ancienne route au milieu du bois de Morialmé, est opérationnelle. Note : La rue de Morialmé est la résultante de la rue dite « Les Taillettes », qui part du lieu-dit « Mouchenaire » et se termine au carrefour de l’actuelle rue de la Chapelle, avec la rue de Morialmé proprement dite, qui démarre de ce carrefour de la rue de la Chapelle et se continue vers le bois.
La rue Saint-Pierre, joignant la Botte à Fairoul, se détourne du château Cartier pour arriver près de l’église.
Depuis 1873, la fontaine monumentale orne la grand-Place, mais plus pour longtemps. Le Wez, abreuvoir à chevaux, vit ses derniers moments. Le terrain de football de la Place-Verte jouxte l’ancienne école communale, près du cimetière, et le puits Saint-Joseph est toujours accessible. L’église a été allongée, et on ne traversse plus la cour de la ferme pour joindre la ruelle Boulanger à la voie d’Andenne. La plupart des chemins rejoignant le Mau S’Tienne ont disparu ou sont devenus sentiers.



• Sur le plan de 1995, la route à quatre bandes Charleroi-Couvin fonctionne depuis 1967 ; la place Verte et l’ancienne école communale ont disparu, ainsi que le chemin de fer, dont la tranchée Mau S’Tienne - Sainte-Barbe a été remblayée. La route de Rouillon rejoint la route de Chastrès en passant au-dessus de la route Charleroi-Couvin. La chapelle N.-D. de Beauraing a été déplacée de quinze mètres vers le sud ; le cimetière communal est agrandi, et les nouvelles écoles communales sont maintenant le long du sentier Sainte-Barbe.
A noter également les nouveaux noms de chemins, qui remplacent les anciens, surtout depuis la fusion des communes, pour éviter les doublons dans la même entité. Ainsi la rue du Preyat est devenue rue de la Banque, la rue du Centre et la ruelle Boulanger forment ensemble la rue Saint-Remy, la grand-route est devenue rue de Rocroi, tandis que la route à quatre bandes prend le nom de rue de France, le Bia saint-Tienne devient rue de Morialmé, le chemin des Barrières et le Mau S’Tienne deviennent la rue Maustienne, la rue Saint-Pierre devient tout simplement rue de la Botte, la route de Chastrès à Fraire devient rue des Ourmes et la route de Chastrès à Fairoul devient rue des Jonquilles...